Les formations politiques opposées à la tenue de l’élection présidentielle ne semblent pas si empressées à l’idée d’élaborer un plan d’actions à travers lequel elles expliqueraient le pourquoi de leur position.
Au lendemain de la validation préliminaire de la liste des candidats à la magistrature suprême par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), les partis de l’opposition, notamment ceux de la mouvance démocratique, ne voient pas l’urgence à mener ce qui pourrait s’apparenter à « une contre-campagne ». Pour eux, ce serait une sorte de « bataille inutile ». Pourquoi ? Pour la simple raison qu’il ne peut pas y avoir un autre choix à faire que celui qui traduit la volonté du peuple. Le mouvement populaire est passé par là ! En s’appuyant sur le peuple et ses revendications, les acteurs politiques rejettent l’option d’une élection présidentielle qui, à leurs yeux, conduira «inéluctablement à la régénération de l’ancien système », estiment-ils.
A cet effet, plusieurs partis politiques affichent leur détermination à soutenir jusqu’au bout le mouvement populaire en cours, en adhérant « pleinement» à ses revendications, notamment le départ du système en place et ses symboles.
« Les Algériens ont exprimé pour la énième fois, à travers les manifestations du vendredi 1er novembre, leur opposition à la tenue de la présidentielle du 12 décembre prochain », souligne Fethi Ghares, coordinateur national du Mouvement démocratique et social (MDS). Le peuple, rappelle Fethi Ghares, « s’est montré inflexible devant l’entêtement des autorités à aller vers une élection présidentielle organisée et supervisée par des symboles de l’ancien régime ». Pour le responsable du MDS, le « rapport de force s’est inversé en faveur du peuple, devenu le centre de gravité », qualifiant le scrutin présidentiel « de farce et de supercherie » qui « ne pouvait avoir lieu d’autant que même les citoyens qui étaient sceptiques sur le mouvement en cours ont fini par y adhérer ». M. Ghares estime que « c’est à l’Etat et ses institutions de rejoindre le peuple ». Pour preuve, dira-t-il, « Ali Benflis s’est vu quelques heures après sa confirmation comme candidat à l’élection présidentielle du 12 décembre se faire conspuer et traiter de tous les noms d’oiseaux ».
Atmane Mazouz, député du RCD, affirme pour sa part que « la position du RCD est celle du peuple, une position qu’il défend au sein du Pacte de l’alternative démocratique (PAD) », qui poursuit, ajoutera-t-il, ses efforts de déploiement dans les différentes wilayas. « Il faut renforcer le PAD, qui a réussi jusque-là à obtenir l’adhésion des citoyens sur la feuille de route qu’il défend », soutient le député de Béjaïa.
Cette structure, selon le cadre du Parti des travailleurs (PT), Djelloul Djoudi, a eu des échos favorables, en ce sens qu’elle est en phase avec les aspirations des populations qui refusent le scrutin présidentiel. M. Djoudi trouve qu’une élection présidentielle dans ce contexte «ne peut être la solution » car elle prolongera la durée de vie de l’ancien système. Rappelant dans ce sens que la «sentence » a été prononcée le 1er Novembre sur l’ensemble du territoire national.
Chez le Rassemblement action jeunesse (RAJ), dont 10 militants sont en prison, l’organisation s’inscrit dans l’esprit du mouvement populaire du 22 février. Le passage d’un système politique à un autre implique « une période de transition démocratique et une constituante inclusive, comportant toutes les tendances pour arriver à une solution consensuelle qui mènera vers la démocratie », dira M. Ouicher, représentant de RAJ.
Meriem Kaci