Rejeté par le mouvement populaire et la classe politique : Le rendez-vous hors du temps du 4 juillet

Rejeté par le mouvement populaire et la classe politique : Le rendez-vous hors du temps du 4 juillet

NAZIM BRAHIMI

L’élection présidentielle du 4 juillet, politiquement disqualifiée, n’est encore en vigueur que dans son évolution administrative qui a connu hier l’expiration du délai de remise des formulaires de souscription de signatures individuelles pour les candidats à la candidature. De ce point de vue, le rendez-vous semble être totalement hors du temps politique réel.

Et si le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire fait état de 74 lettres d’intentions de candidature déposées, force est de constater que le déroulement du scrutin est plus que jamais mis à mal, s’il n’est pas carrément dépassé.
Au vu, d’abord et principalement, de son rejet de la part du mouvement populaire qui ne veut pas entendre parler d’une telle perspective. Cet avis, les Algériens l’expriment de façon unanime à travers les marches populaires hebdomadaires où ils scandent, à l’unisson, «non à l’élection présidentielle». Ce rejet est aussi visible dans les discussions et autres forums de débats lancés par la société. Au vu, également des positions tranchées de la classe politique farouchement opposée à la tenue de ce rendez-vous électoral sous le dispositif réglementaire en vigueur et sous l’encadrement des institutions décriées par les millions d’Algériens qui investissent la rue pour réclamer le changement.

Chez les différents courants de l’opposition, on ne s’est pas contenté de tourner le dos à cette consultation électorale, mais on a aussi alerté sur l’impossibilité de sa tenue et sur les répercussions de voir le pouvoir politique insister à l’organiser. C’est le cas du Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Abderezak Makri qui y voit un « scrutin impossible politiquement et techniquement ».
Et à la place de cette élection présidentielle, le parti islamiste propose un président de consensus pour diriger une période de transition jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République.
C’est aussi l’avis de Talaie El-Hourriyet dirigé par l’ancien chef du gouvernement Ali Benflis, pour qui le maintien de la présidentielle du 4 juillet exposera le pays à « une parodie électorale ». Les élections présidentielles du 4 juillet prochain « sont politiquement inopportunes, matériellement irréalisables et foncièrement hasardeuses », a noté la même formation politique.

Même son de cloche chez le Front des forces socialistes (FFS) qui, en plus du rejet du scrutin qui « ne sera ni démocratique, ni libre, ni transparent», réitère sa revendication de principe, à savoir l’élection d’une assemblée constituante. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a relevé, pour sa part, que « le maintien contre vents et marées du cap de la présidentielle du 4 juillet cache mal la volonté des dirigeants actuels de s’imposer à la volonté populaire et surtout d’accaparer le pouvoir décisionnel».
Pour le RCD, «l’entêtement à vouloir organiser une présidentielle, le 4 juillet 2019, pilotée de bout en bout par un personnel politique passé maître de la fraude électorale, ne relève pas d’un simple passage en force pour désigner un nouveau président ou d’un déni ordinaire de la réalité, mais participe d’une stratégie de reprise en main par une partie du système de la décision par un agenda caché ».

Pour l’ancien président du RCD, Saïd Sadi, «la présidentielle, organisée dans ces conditions, conduira inévitablement à un détournement voire un reniement de la Révolution avec les conséquences délétères que peut engendrer un tel dépit dans le pays et sur toute la région nord-africaine ».
Auparavant, Said Sadi avait relevé que la question «n’est pas de savoir si l’échéance électorale du 4 juillet va échouer, mais de prévenir les coûts de son échec».