Rencontre autour du IX ème Art et les médias sociaux au Mama: Idir Ihamichène : “La BD algérienne a besoin de se libérer du manga pour se développer”

Rencontre autour du IX ème Art et les médias sociaux au Mama: Idir Ihamichène : “La BD algérienne a besoin de se libérer du manga pour se développer”

Le Musée national d’art moderne et contemporain d’Alger (MaMa) a abrité samedi une conférence autour du IXe art et les médias sociaux. Organisée par les éditions Z-Link, la rencontre a été animée par Idir Ihamichène, réalisateur de la web émission “BDZ”, spécialisée en bande dessinée algérienne. Dans l’optique de situer la BD dans son cadre actuel, le réalisateur est revenu sur l’état de la bande dessinée algérienne, qui, selon lui, a besoin de “se libérer du manga”, et de son influence. “Non seulement parce que ça nous empêche de développer réellement un style propre à nous, mais nous sommes en train de considérer le manga comme un genre alors qu’il ne l’est pas”, a-t-il expliqué. Tout en ajoutant que “le genre manga n’existe pas, c’est de la bande dessinée”.

D’ailleurs, selon ce spécialiste de la bande dessinée, le fait de suivre à l’aveuglette les BD japonaises “nous empêche de développer notre style à nous, que ce soit pour le fond ou la forme”. D’autant plus que “le manga se porte actuellement très mal, il traverse une crise de créativité qui influe sur sa qualité. Ce n’est donc pas la meilleure époque pour s’en inspirer”. Idir Ihamichène a, par la même occasion, rappelé la partie historique du manga. “Il a été créé en réaction aux bandes dessinées étrangères. Les artistes japonais voulaient créer leurs propres histoires pour se libérer de la forte présence idéologique américaine.”

Concernant son émission, “BDZ”, disponible sur la chaîne Youtube Captendo Channel, le réalisateur a indiqué qu’elle était “scénarisée”, et d’une durée allant de 10 à 20 minutes. Ces capsules vidéo ont pour objectif de présenter et critiquer  des bandes dessinées algériennes. Néanmoins, “BDZ” n’a pas rencontré le succès souhaité, à cause du manque du “sens du partage chez les Algériens”, a expliqué Idir Ihamichène.  Et de renchérir : “J’ai l’impression que les Algériens continuent de considérer Youtube comme une chaîne de télévision. On est passif devant Youtube, de la même manière qu’on subi la télévision.”

Par ailleurs, le podcasteur a signalé le manque du contenu spécialisé sur Youtube. “Les tendances des Algériens tournent autour des rediffusion des matchs, des émissions de télévision, des podcasts humoristiques, ou des tutoriels de beauté, et cuisine.” Contrairement aux pays étrangers dont les youtubeurs créent différentes vidéos, sur différents sujets. “Si tu veux par exemple apprendre à faire de la plomberie, tu vas sur Youtube et tu vas trouver ça dans toutes les langues, mais pas en Algérie”, a-t-il regretté.