Les éditeurs sénégalais ont tenu, avant-hier, dans le cadre des activités culturelles du 25e Salon international du livre d’Alger (Sila 2019), une rencontre s’intitulant « Les éditeurs sénégalais scrutent l’avenir », où Abdoulaye Diallo, Aminata Sy, ou encore Seydou Nourou Ndiaye sont intervenus sur l’avenir du livre et de l’édition dans leur pays.
L’éditrice Aminata Sy a été la première à témoigner sur l’évolution que connaît le Sénégal dans le domaine de l’édition. « Le Sénégal compte à son actif une quarantaine de maisons d’édition. L’édition, au Sénégal, évolue et se diversifie d’année en année», a-t-elle déclaré. Elle explique aussi les contraintes auxquelles la fabrication du livre est confrontée, en soulignant que « chez nous, il est difficile de vendre un livre, c’est un produit qui n’est pas vraiment rentable au vu de la cherté de sa fabrication et des coûts élevés qu’il engendre. En tant qu’éditeurs, nous ne pouvons pas dire que le livre est rentable ». L’intervenante explique dans ce contexte que toutes « ces difficultés impactent la place du livre au sein de la société. Par conséquence, le livre n’est pas toujours présent dans les foyers». «En vérité, il est réservé seulement à une élite », a-t-elle affirmé. Elle estime aussi que «l’absence de lecture pour la grande majorité de la population sénégalaise est un véritable déficit auquel il faut, en urgence, remédier». Selon elle, si le livre peine à trouver sa place dans la société sénégalaise, c’est parce que « l’Afrique est une zone traditionnellement de culture orale et qui manque d’infrastructures dédiées à promouvoir la lecture ». Aminata Sy souligne aux présents que « tout ces différents facteurs de la problématique de la lecture génèrent automatiquement des problèmes de rentabilité pour les éditeurs qui peinent à résister». A la fin, elle insistera sur la nécessité d’intégrer dans le plan du développement de toute nation africaine le secteur de l’édition.
De son côté, l’éditeur sénégalais Abdoulaye Dialo a fait savoir qu’« il est dans le devoir d’accompagner l’édition pour faciliter à rendre accessible la publication». A propos de l’importance de la création d’un réseau d’éditeurs africains pour la circulation du livre au niveau du continent, l’éditeur sénégalais considère qu’il est important de créer des passerelles entre les éditeurs africains afin de rapprocher les lecteurs». Et d’affirmer que «l’intérêt est de mettre en place un système de réseau, d’élargir le champ d’action et de construire des projets communs entre éditeurs africains ».
Dans un autre contexte, Abdoulaye Dialo confie que « l’édition est un métier qui évolue. Aujourd’hui, nous sommes face au défi du numérique. Le livre, en question, ne va pas disparaître, mais le support tend à céder sa place à l’électronique. Cette évolution est une évolution naturelle de la situation ». «Il suffit juste de se préparer au changement et de négocier la transition », a-t-il déclaré.
Quant à l’éditeur Seydou Nou Ndiaye, il s’est montré optimiste quant à l’avenir du livre. «L’avenir du livre est rayonnant malgré les difficultés qu’il rencontre, car nous assistons à l’émergence de jeunes éditeurs bien formés dans le métier de l’édition et déterminés, ainsi qu’à des écrivains talentueux», a-t-il confié. Il conclut la rencontre en estimant, à propos du livre numérique, qu’ «il faudrait d’abord penser à «alphabétiser la société et lui offrir un environnement favorable à la lecture pour voir l’édition se développer».
F. D.