L’association Machaâl Echahid et l’APC d’Alger-Centre ont organisé, hier au centre culturel Larbi Ben M’hidi, une rencontre-hommage au défunt moudjahid, le Dr Mohamed-Lamine Debaghine, ministre des Affaires étrangères du GPRA. Lors de cette rencontre initiée dans le cadre de commémoration du treizième anniversaire de la disparition du défunt, une conférence sur la vie et le parcours militant de ce grand moudjahid a été animée par M. Rédha Malek, ancien chef de gouvernement et porte-parole de la délégation aux Accords d’Evian.
«Un symbole de la lutte de libération nationale et du mouvement national», c’est en ces termes que le conférencier qualifiera, d’emblée, le Dr Lamine Debaghine. Poursuivant ses propos, l’orateur a souligné également que «Debaghine a – avant 1954 et pendant toute la guerre de libération nationale – toujours joué un rôle, en réclamant l’indépendance et en réclamant la lutte pour arracher l’indépendance».
Né 24 janvier 1917 à Hussein-Dey, Alger, Mohammed Lamine Debaghine a adhéré au Parti du Peuple Algérien [PPA] en 1939, soit deux années à peine après la création du parti. En septembre 1939, après la dissolution du PPA mais aussi l’incarcération de ses principaux dirigeants, Debaghine prit la tête de l’organisation clandestine du PPA, alors qu’il était encore étudiant, précise Rédha Malek.
Il faut dire que Debaghine, ce grand nationaliste, révolutionnaire aux principes inflexibles, a toujours préféré travailler dans la discrétion. Aussi, il était « très humble», relève M. Rédha Malek. Et d’ajouter : «Il n’élevait jamais la voix. Comme interlocuteur, il préfère plutôt écouter». En fait, il avait de nombreuses qualités ayant grandement contribué à la propulsion de la côte de sa popularité.
«L’Algérie vaincra», «République algérienne», «Constituante algérienne», «Libérez Messali», etc., sont là autant de slogans patriotiques portés sur les murs et qui sont l’œuvre de Debaghine. L’histoire retiendra que ce grand moudjahid s’est fait connaître également par une grande campagne de sensibilisation contre l’incorporation des jeunes algériens dans les rangs de l’armée française, signale le conférencier. S’exprimant, d’autre part, à propos du 1er congrès du PPA qui s’est déroulé en février 1947, Rédha Malek affirme que ce congrès était une «grande réussite», que Debaghine en était «l’architecte» et que c’était lui qui avait «pris la décision de créer l’OS (l’organisation secrète)». L’orateur évoquera d’autre part, ce contexte lors duquel Messali Hadj avait réussi à imposer le principe de participation aux élections législatives alors que la majorité de la direction du PPA y était opposée. Mohamed Lamine Debaghine qui s’opposait à cette participation, garda le silence au cours des débats et, par discipline de parti, se présenta dans le département de Constantine. Ne pouvant pas être candidat sous l’étiquette du PPA qui restait interdit, les militants nationalistes créèrent des listes intitulées «pour le Triomphe des Libertés Démocratiques». Debaghine fut élu député de Constantine à l’Assemblée nationale française, souligne Rédha Malek. A la veille du 1er Novembre 1954, Debaghine déclina l’offre des fondateurs du FLN de prendre la tête du Front. Après le déclenchement de la Glorieuse Révolution, il était «représentant de la délégation extérieure du FLN, avec Ben Bella, Khider et Ait Ahmed», se remémore Rédha Malek signalant que Debaghine avait alors pris part à «nombre de réunions secrètes avec des émissaires du gouvernement français». Toutes ces rencontres n’avaient pas abouti. Très lucide et très compétent, Debaghine a joué pleinement son rôle.
M. Rédha Malek a, par ailleurs, signalé que Debaghine qui devient en septembre 1958, le Premier ministre des Affaires étrangères du GPRA, a également été membre du CCE, et ce, à la faveur de l’élargissement du CCE, en août 1957. Cela dit, a-t-il précisé, Debaghine a toujours préféré travailler seul au CCE. En 1959, il dépose sa démission. Et de déclarer : «Le défunt était toujours soucieux de l’unité du parti, de l’unité des rangs de la Révolution».
En septembre 1959, lorsque De Gaulle avait proposé l’autodétermination, il y avait un congrès en Tunisie. Aussi, Debaghine s’est volontairement déplacé en Tunisie «pour donner l’accord de principe mais avec des réserves». En effet, Debaghine insistait sur l’unité du peuple et du territoire.
Après le recouvrement de l’indépendance nationale, le Dr Mohammed-Lamine Debaghine se retire définitivement de la vie politique et ouvre un cabinet de médecine à El Eulma. Ce grand moudjahid qualifié de «symbole de la lutte de Libération nationale et du mouvement national» est décédé le 23 janvier 2003, à Alger.