Certainement qu’il y aura des candidatures à l’élection présidentielle du 12 décembre prochain, mais la question que plus d’un se pose est liée à la présence à cette échéance de figures à même de lui conférer un intérêt et diminuer quelque peu la nette désapprobation populaire à son égard.
M. Kebci – Alger (Le Soir) – Avec la convocation du corps électoral, dimanche dernier par le chef de l’Etat intérimaire, c’est le processus d’un scrutin présidentiel qui est enclenché avec la hantise qu’il ne subisse le sort de ses deux précédents, ceux du 18 avril et du 4 juillet derniers, avortés, pour rappel, suite à la pression populaire.
Et encore une fois, cette troisième tentative à travers laquelle le pouvoir escompte dépasser la crise qui perdure depuis des mois, bute également sur un rejet qui ne souffre d’aucune ambiguïté signifié clairement par des entités politiques et associatives mais surtout le mouvement populaire. Cela malgré l’institution de l’Autorité nationale indépendante des élections et le lifting opéré à la loi portant régime électoral, élaborés et adoptés en un temps record pour les besoins de cette élection présidentielle.
Deux textes qui n’ont pas été pour «amadouer» et «intéresser» les réticents. D’où l’intérêt porté sur le profil des candidats à même de crédibiliser quelque peu une compétition électorale mal partie en tout point de vue.
Des candidats qui, et c’est une certitude, ne seront pas de l’étendue de celles enregistrées lors des deux précédents scrutins présidentiels avortés, mais dont le casting sera déterminant quant à limiter le rejet populaire.
Mais qui seront ces potentiels candidats ? Pour le moment, seule la candidature de Abdelaziz Bélaïd est d’ores et déjà acquise. Selon le chargé à la communication du Front el Moustakbal dont il est le président, cette candidature sera entérinée ce week-end lors d’une réunion du bureau politique du parti élargie aux chefs des bureaux au niveau des wilayas. Une option loin de relever d’une surprise tant celui qui est arrivé en troisième position derrière le président déchu et Ali Benlfis, lors des élections d’avril 2014, a toujours considéré que l’élection présidentielle dans les plus brefs délais était la solution idoine pour dépasser la crise que vit le pays. Pour Bélaïd, Moustaqbal, les «conditions sont réunies pour la tenue de cette élection dans ses délais».
Il y a aussi la candidature plus que probable de l’ex-chef de gouvernement, Ali Benflis, celui qui a eu à affronter à deux reprises le Président déchu, en 2004 et en 2014. Certes, le président du parti des Avant-Gardes des libertés fait montre de prudence, mais celle-ci semble de pure forme tant la tentation de prendre part au rendez-vous du 12 décembre prochain est plus forte que toute autre option. Celui pour qui la présidentielle projetée se présente comme la «voie de sortie de crise la moins risquée et la moins dommageable pour le pays tout en assurant aux demandes et aux aspirations légitimes de la révolution démocratique le cadre de leur réalisation pleine et entière de manière ordonnée, apaisée et sereine», réclame des mesures d’apaisement et de confiance par lesquelles l’élection présidentielle gagnerait en crédibilité comme voie de sortie de crise évitant au pays un surcroît d’adversités et d’épreuves». En tout état de cause, tout sera décidé le 26 du mois courant à l’occasion d’une session extraordinaire du comité central du parti.
Mais il n’y aurait pas que les candidatures potentielles de ces deux anciens enfants du sérail qui ont basculé dans l’opposition. Des voix parlent, en effet, de velléités chez deux autres figures du même sérail, Mouloud Hamrouche et Abdelmadjid Tebboune, de se présenter à cette échéance. Les deux hommes mèneraient, dit-on, des contacts pour peser l’opportunité d’une telle option par laquelle même le secrétaire général intérimaire du RND serait tenté.
Autant de potentielles candidatures du sérail ou ayant fait partie du régime qui pourraient bénéficier du soutien loin d’être désintéressé d’une foultitude de nano-partis gravitant autour. Comme le fameux groupe des sept partis, piloté par l’ANR ou encore le mouvement Islah qui avaient apporté leur appui au 5e mandat avorté du Président déchu.
Du côté du camp islamiste, la candidature du président du mouvement El Binaa est quasi-acquise. Certes, elle sera débattue et arrêtée lors d’une session du conseil consultatif du parti, prévue vendredi prochain mais la participation de Abdelkader Bengrina au rendez-vous du 12 décembre prochain est certaine.
Reste Abderezzak Makri qui continué à maintenir un faux suspense quant à sa plus que probable candidature. Celui qui s’est muré dans un silence assourdissant ces derniers temps, faisant l’économie de se prononcer clairement, notamment sur les dernières arrestations ayant touché nombre de manifestants, de politiques et acteurs politiques et d’activistes du mouvement populaire, serait partant. En témoigne la résolution du bureau national du mouvement qu’il préside, le MSP, hier mardi, qui qualifie le prochain scrutin présidentiel de «passage obligé pour garantir l’avenir des libertés et la démocratie dans le pays». Ceci même s’il prend le soin de considérer que cette élection présidentielle ne constitue pas une simple opération de forme qui survole les causes de la crise et ne les traite pas». Il appelle, dans ce sens, à assurer les conditions politiques nécessaires à même de conférer à ce scrutin la véritable légitimité, citant, entre autres, le départ de l’actuel gouvernement, les libertés médiatiques et associatives…
Une attitude similaire qu’adopte l’autre leader islamiste, Abdallah Djaballah. Le président du FJD (Front pour la justice et le développement), serait partant pour le prochain scrutin présidentiel même s’il adopte, comme Makri, une attitude attentiste dictée par le souci de ne pas froisser une rue, désormais nouveau paramètre capital dont tous les acteurs politiques prennent acte.
M. K.