Rendre au PFLN « son honneur flétri et sa dignité » ?

Rendre au PFLN « son honneur flétri et sa dignité » ?

Cherif Abdelmadjid, Mohamed Abdelmoula, Ouali Aït Ahmed, le Commandant Azzedine, Abdelkader Belarbi, Zohra Drif-Bitat, Meriem Benhamza, Abderahmane Cherif-Meziane, Mouloud Dehlal, Habib Guerfi, Djilali Guerroudj, Mahfoud Rachedi, Hocine Senouci, Saadi Yacef. D’illustrent nom de la Guerre de libération nationale ont signé un texte appelant à rendre au PFLN « son honneur flétri et sa dignité foulée aux pieds ». Ils réclament « le départ immédiat et inconditionnel de Saâdani et de sa bande. Ceci afin de le restituer [le PFLN] dans les formes démocratiques, sans immixtion extérieure, à ses militants sincères et dévoués. ».

Les pétitionnaires demandent l’approbation et le soutien de leurs pairs du combat pour l’indépendance et « de tous les patriotes authentiques qui placent l’Algérie au-dessus de tout ». Concédant que le FLN historique est le patrimoine de tout le peuple algérien, ils n’en estiment pas moins que s’il continue à vivre en tant que parti politique, le PFLN, « il est souhaitable qu’il le fasse dans le respect des grands principes moraux qui ont présidé à sa fondation. En d’autres termes que les hommes qui le dirigent soient des exemples de probité. »

La dénonciation de sort réservé au PFLN, par Amar Saadani et «sa camarilla de baltaguis» est véhémente. L’actuelle direction du PFLN est vilipendée dans les termes les plus sévères. « Clique de combinards sans vergogne », « prévaricateurs et trafiquants de tous poils », « secrétaire général, tiré d’un marigot grouillant d’affairistes et de mercantis moralement impurs, socialement indélicats, économiquement véreux et politiquement immoraux. »

Ainsi, d’après le texte rendu publique, c’est par la ruse, la corruption et à travers des canaux fangeux, que les amis de Saâdani auraient pénétré le corps du PFLN et l’auraient vidé de sa substance vitale. Le dessein aurait été d’infecter le parti au point de qu’il ne soit plus que l’instrument de réalisation d’inavouables « bizness » dont «l’objectif est de pomper dans les ressources financières de l’Algérie le maximum qui puisse être puisé et pendant un maximum de temps. Etablir des liens avec l’étranger de sorte à s’assurer dans l’impunité et l’immunité une retraite paisible, quiète à l’abri de toute poursuite dans une capitale en vue.»

Il est intéressant de lire le témoignage de ces honorables protestataires sur la collusion PFLN/Etat préexistante à l’arrivée d’Amar Saâdani et mise à profit par lui et ses affidés. Ils affirment que les « prévaricateurs (…) mettent à profit toute la mécanique de l’administration nationale et de la gestion de l’économie. Ils recourent (…) à la capillarité, du FLN et sa représentation à tous les échelons des structures étatiques depuis les communes, jusqu’aux plus hauts niveaux de la représentation nationale. [la] collusion entre le monde de l’argent et celui de la politique qui ont conduit à l’intoxication de l’Etat ». Cette notion de capillarité est édifiante.

Unis par les serments d’hier et les fidélités d’aujourd’hui, ils en appellent à la mobilisation générale pour la libération du PFLN «de ses dangereux spoliateurs pour qu’il s’imprègne de nouveau des principes qui sont les siens [ceux du FLN historique] et qui ont guidé la marche victorieuse du peuple algérien. Ils réclament «le départ immédiat et inconditionnel de Saâdani et de sa bande. « Ceci afin de le restituer dans les formes démocratiques, sans immixtion extérieure, à ses militants sincères et dévoués, des hommes de conviction qui incarnent une aspiration partagée. »

Ce texte signé par d’anciens moudjahides qui, après l’indépendance, ont fait carrière dans l’administration ou l’armée, a pour lui de regrouper des noms qui n’ont pas les appréciations du règne d’Abdelaziz Bouteflika. Y figurent des soutiens inconditionnels comme des détracteurs précoces. Soubresaut des sourdes luttes du sérail, ou simple baroud d’honneur d’anciens usés et vaincu par la nouvelle oligarchie ? La réponse n’est pas évidente à donner.