La décision du ministre de l’Education nationale de rendre obligatoire le port d’un tablier bleu pour les garçons et rose pour les filles risque d’entraver sérieusement la rentrée scolaire 2009/2010.
De nombreux élèves se plaignent du fait qu’ils ne trouvent pas le fameux tablier.
Certains ont même été refoulés à l’entrée de leur établissement.
«Il n’y en a pas sur le marché. Mes parents ont cherché partout mais ils n’en ont pas trouvé», raconte un élève de CEM.
«Ils ne sont pas disponibles sur le marché […] C’est un vrai problème», dénoncent des mères ayant fait le tour des magasins et des marchés populaires.
«Mes parents ont cherché partout mais ils n’en ont pas trouvé. Il a fallu que je me déplace moi-même au D15 à El Harrach pour m’en procurer un par l’entremise d’un ami», raconte un élève du moyen.
«Ils m’ont empêchée d’entrer au lycée parce que je n’avais pas mon tablier. Et je ne suis pas la seule. Il y avait beaucoup de filles avec moi», raconte une jeune lycéenne, les yeux larmoyants, refusant toutefois de citer le nom de l’établissement.
Au lieu qu’elle soit donc au lycée, elle a dû passer toute la journée d’hier à chercher le tablier. Elle a choisi les marchés de la place des Martyrs dans l’espoir d’en trouver un mais en vain.
Il n’y en a plus. «Ils se bagarrent à l’arme blanche pour un tablier», rapporte un jeune lycéen. Les blouses bleues et roses se vendent sous la main et à des prix qui dépassent largement leur valeur réelle.
Les parents jouent le jeu faute d’une solution de rechange. Le problème est réel et ces derniers s’inquiètent sérieusement.
Cela fait plusieurs jours qu’ils attirent l’attention sur ce manque mais en vain. Dans une récente déclaration à la presse, le ministre de l’Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a affirmé qu’il n’exige pas un bleu ou un rose spécifique : «L’essentiel est que ce soit un bleu pour les garçons et un rose pour les filles du primaire et du moyen. Celles du secondaire porteront le bleu».
Le problème n’est pas dans la couleur mais dans la disponibilité du tablier. Que feront les élèves auxquels les chefs d’établissement recommandent de le porter au plus tard aujourd’hui, deuxième jour de la rentrée ?
Certains donnent un délai jusqu’après l’Aïd. D’autres se montrent souples, ne demandent rien aux enfants, en attendant que le problème trouve sa solution. Ils attendent sans doute la réaction du ministre puisque le problème dépasse et les parents et les chefs d’établissement.
En attendant, les élèves sont perdus, les filles plus que les garçons. Les parents plus que les enfants.L’autre difficulté de cette nouvelle rentrée scolaire 2009/2010 vient des enseignants, nombreux à observer une journée de protestation hier en réponse à l’appel de leurs syndicats, dont le Conseil des lycées d’Algérie (CLA).
Ce dernier semble reprendre du terrain après son essoufflement au lendemain de la mort de son fondateur, Osmane Redouane.
En effet, comme nous avons pu le constater sur place, les lycées «Emir Abdelkader» à Bab El Oued et «Arroudj et Kheirreddine Barberousse (ex-De La Croix)» à Alger-centre, pour ne citer que ces deux-là, ont été carrément bloqués.
«Aucun enseignant n’est venu», affirment des élèves de 1re année. «Une surveillante nous a donné l’emploi du temps mais sans plus. Pas de cours», racontent deux filles. Et l’une d’elles de lancer sur un ton coléreux : «Ce n’est pas sérieux ! Ils font la grève le premier jour de la rentrée !»
Karima Mokrani