À cette dynamique citoyenne inébranlable, observée en ce mois d’août, il faut s’attendre à ce que viennent inévitablement s’ajouter les débrayages et marches corporatistes, dès la rentrée sociale, en septembre prochain.
L’extraordinaire mobilisation citoyenne à travers le pays, depuis le début du mois d’août, et au plus fort de la canicule, est révélatrice de ce que sera la rentrée sociale. Pourtant, beaucoup avaient misé sur un relâchement du mouvement, pendant les périodes de vacances. Plutôt mouvementé s’annonce donc septembre 2019, compte tenu de la dynamique citoyenne qui a caractérisé les deux premiers vendredis et mardis du mois en cours.
Les Algériens, qui ont manifesté massivement en dépit des grandes chaleurs, mais aussi de la tentation des vacances ont fait montre d’une grande détermination.
Des milliers de familles ont, en effet, dédié leur congé annuel à la lutte pour le changement, privant ainsi leurs enfants des plaisirs de la grande bleue. Mais ce n’est que partie remise puisque pas plus tard que vendredi dernier, ils scandaient en plein centre d’Alger : “Nous irons à la plage lorsque tout le système tombera.”
Une manière, on ne peut plus claire, de dire que, pour l’heure, la priorité est d’en finir avec les “résidus du système Bouteflika”.
Les étudiants, et malgré le fait que les campus aient fermé leurs portes, n’ont pas, eux aussi, renoncé à leur marche hebdomadaire du mardi. Fait surprenant, ils sont encore plus nombreux à battre le pavé des différentes villes du pays, en ce mois d’août, par rapport à juillet. Leur engagement, décidément infaillible, a séduit à tel point que des vieilles dames et des messieurs âgés marchent à leurs côtés pour leur prêter main forte. À Alger, place des Martyrs, et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, des personnes âgées étaient mardi dernier sur les lieux, avant même l’arrivée des étudiants, pour l’entame de la marche, en dépit des risques que cela présentait pour leur santé fragile.
À cette dynamique donc inébranlable, il faut s’attendre à ce que viennent inévitablement s’ajouter les débrayages et marches corporatistes. Plusieurs syndicats, notamment le Syndicat national autonome des personnels de l’administration (Snapap), mais aussi la Confédération des syndicats autonomes (CSA) ont déjà menacé de hausser le ton dès la rentrée sociale.
Le secteur de l’administration publique risque ainsi d’être en grande partie paralysé, alors qu’élèves et étudiants risquent de ne pas faire leur rentrée scolaire et universitaire à juger des grèves et des marches que les syndicats concernés annoncent dès la rentrée.
Fait tout autant remarquable, lesdits syndicats ne comptent pas inscrire leurs débrayages dans des logiques purement corporatistes. Les manifestations auxquelles ils appellent, dès la rentrée, s’inscrivent plutôt dans une démarche de “changement global”.
Mehdi Mehenni