Annoncé à plusieurs reprises et envisagé depuis plusieurs années, sans jamais voir le jour, le dossier du bac professionnel est de nouveau à l’ordre du jour. En effet, le Conseil du gouvernement a décidé de relancer le bac professionnel. Ce diplôme devrait être assuré par le secteur de la formation et de l’enseignement professionnels. Ce dernier a déjà mis en place un diplôme équivalent au bac professionnel. Des syndicats du secteur de l’éducation souhaiteraient pourtant le retour des lycées techniques pour délivrer des diplômes du bac pro.
Salima Akkouche – Alger (Le Soir) – Le Conseil du gouvernement estime qu’il faut «adapter notre système de formation aux normes internationales». Pour ce faire, le Premier ministre a appelé à l’adoption d’une nouvelle approche concernant l’opération de formation en relançant le baccalauréat professionnel.
Une commission intersectorielle composée des secteurs de la formation professionnelle, de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur a été ainsi chargée de réfléchir sur les mécanismes devant concrétiser, graduellement, cette proposition.
Le ministère de la Formation et de l’Enseignement professionnels a déjà mis en place, depuis 2017, le brevet de l’enseignement professionnel, (BEP), qui a été annoncé comme étant l’équivalent du bac professionnel.
Le brevet de l’enseignement professionnel, a expliqué ce département, est destiné aux jeunes qui réussissent leur passage de la quatrième année moyenne vers le lycée et il a exactement les mêmes avantages que le bac et permet à son détenteur de poursuivre des études supérieures. La seule différence, c’est que ces études supérieures vont se dérouler au sein des établissements de l’enseignement professionnel et non au sein des universités.
La première promotion de l’enseignement professionnel va, d’ailleurs, sortir l’année prochaine, soit après un cursus de trois ans. Le candidat peut ensuite poursuivre deux ans d’études pour obtenir le brevet de l’enseignement professionnel supérieur. Ce qui équivaut à un bac plus 2. Dans ce cas, pourquoi parler de relancer le bac professionnel, si les instituts de formation professionnelle assurent déjà cette formation ? Le responsable de la communication au ministère de l’Enseignement professionnel nous a expliqué que ce qui a été fait jusqu’à présent c’est la mise en place d’une équivalence du bac professionnel en attendant la mise en place effective du baccalauréat professionnel. D’ailleurs, une fois mis en place, dit-il, l’enseignement professionnel va capter entre 30 à 40% des élèves de la quatrième année moyenne.
Selon M. Tissira, le bac professionnel viendra compléter le diplôme actuel du BEP et garantira l’accès à des études supérieures professionnelles. Les mécanismes de cette démarche, explique-t-on, seront mis en place en collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur.
Le gouvernement, contrairement à ce que revendiquent les syndicats autonomes du secteur de l’éducation nationale, ne compte pas recourir aux lycées techniques.
Boualme Amoura, SG du Satef a expliqué que la dernière fois que le dossier du bac professionnel a été rouvert avec le ministère de l’Education c’était lors des consultations de juin 2011. Les syndicats, dit-il, étaient favorables au retour des lycées techniques supprimés entre 2005 et 2006.
M. Amoura estime qu’’il faut se réapproprier les anciens lycées techniques et leurs équipements. Les élèves issus des lycées techniques peuvent-ils accéder aux études supérieures ? pas systématiquement, dit-il. Les pouvoirs publics, dit-il, ont commis une erreur avec cette option dans le passé.
«A l’époque des lycées techniques, (les technicums), une fois que l’élève décroche son bac technique, il accède à l’université pour poursuivre une spécialité dans l’enseignement général», a expliqué le syndicaliste.
L’accès à l’université, estime le Satef, n’est pas nécessaire pour un élève qui veut décrocher un bac pro. Selon lui, «ces élèves ont bénéficié d’une formation leur permettant d’accéder au marché du travail, après un cursus de trois ans, à condition que ce diplôme soit reconnu, et on pourra envisager d’envoyer les meilleurs élèves pour poursuivre des études supérieures pour devenir des ingénieurs d’application», dit-il.
Le retour du bac professionnel, dit-il, va permettre de soulager les lycées de l’enseignement général. Toutefois, dit-il, «si l’enseignement professionnel doit être assuré par les instituts de l’enseignement professionnel, nous devons embaucher des universitaires comme formateurs, et non des IEP qui ont juste un niveau de terminale, comme c’est le cas actuellement».
Meziane Meriane, coordinateur du Snapest, estime qu’il faut une réforme de l’enseignement technique pour réintroduire le bac professionnel. «Si c’est pour rouvrir les lycées techniques fermés et l’utilisation des machines rouillées, importées en milliards de dinars, c’est une bonne chose, car nous avons besoin de techniciens, d’ingénieurs d’application et de conception et d’une main d’œuvre spécialisée», a déclaré M. Meriane qui qualifie la fermeture des lycées techniques «d’erreur monumentale».
Dans les années 1970, rappelle-t-il, les élèves du lycée technique de Dellys, dans la wilaya de Boumerdès, fabriquaient des pièces pour l’usine Sonacome.
Le dossier de réouverture des lycées techniques est visiblement définitivement clos. Du moins, pour l’actuel gouvernement.
S. A.