Réserves de change de l’Algérie : la Banque mondiale tire la sonnette d’alarme !

Réserves de change de l’Algérie : la Banque mondiale tire la sonnette d’alarme !

La Banque mondiale a publié fin juillet 2016 un rapport alarmant sur l’économie algérienne. Le gouvernement ne doit pas prendre à la légère ce rapport, car il y va de la sécurité nationale.

Ainsi, entre autres révélations, il annonce une baisse drastique des réserves de change en 2018, comme conséquence de la baisse du cours des hydrocarbures, baisse durable selon ce rapport.



1.- Les réserves de change ont été estimées à 56 milliards de dollars en 2005, 77,78 milliards en 2006, 110 milliards en 2007 à 138,35 milliards de dollars en 2008, à 147,2 milliards en 2009, à 157 milliards de dollars fin 2010 , 188,8 milliards de dollars en 2011, 190, 66 en 2012, 194 milliards de dollars en 2013, 179,9 milliards de dollars en 2014, 152 milliards de dollars fin 2015, et selon le rapport du FMI d’avril 2016,113,3 mds usd en 2016 ( couvrant 22,2 mois d’importation) et 92,3 mds usd en 2017.

Dans son rapport, la Banque mondiale note que le déficit budgétaire s’est creusé de 1,4 % du PIB en 2013 à 15,7 % du PIB en 2016 et que l’Algérie est massivement dépendante des hydrocarbures pour ses exportations et ses recettes publiques, à hauteur de 95% et de 75% respectivement, que sur une production totale d’environ 1,1 million de barils/jour, elle exporte 540.000 barils/jour, la production de pétrole brut et de gaz naturel ayant régulièrement diminué ces dernières années, en raison principalement de retards répétés des projets, de difficultés pour attirer des partenaires d’investissement, de l’insuffisance des infrastructures et de problèmes techniques. La période 2017/2020 n’incite guère à l’optimisme puisque selon la banque mondiale, dans un deuxième rapport étendu à la grande région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), quant au relèvement du prix du pétrole. « La phase d’offre excédentaire s’achèvera et un rééquilibrage s’opèrera sur le marché mondial du pétrole au début de l’année 2020, à des prix d’équilibre compris entre environ 53 et 60 dollars le baril ». Il s’ensuit que selon ce rapport, les subventions sont coûteuses et régressives de l’Algérie (les subventions des carburants et autres représentent plus de 12% du PIB). Pour avoir un équilibre budgétaire toujours selon le FMI, l’Algérie aura besoin, en 2016, d’un prix de pétrole de 87,6 dollars/baril contre 109,8 dollars/baril en 2015.

2.- Conclusion de ce rapport pessimiste que le gouvernement ne doit pas prendre à la légère, voyant les mains de l’extérieur, puisque de nombreux experts algériens indépendants ayant eu la même analyse, « l’Algérie sera appelée à vivre le vrai choc financier et économique en 2018, avec des réserves de changes qui se situeront 60 milliards de dollars ». Le dinar étant corrélé à plus de 70% aux réserves de change, il s’ensuit que détérioration des termes de l’échange de l’Algérie a entraîné une dépréciation nominale de 20% du dinar depuis la mi-2014 et que l’inflation (incluant les produits subventionnés) a augmenté à 4,8% en 2015. Avec la diminution des réserves de change, la banque d’Algérie sera contrainte de continuer à dévaluer le dinar pour couvrir artificiellement le déficit budgétaire, l’emprunt obligataire concernant la sphère informelle ayant un résultat mitigé comme je l’ai analysé dans plusieurs contributions tout en ayant contribué à assécher les liquidités bancaires, avec le risque du recours à l’émission monétaire de la banque d’Algérie, donc un risque inflationniste.

Comme mis en relief également dans plusieurs contributions en arabe- français-anglais , à moins de 60 milliards de dollars de réserve de change, sous l’hypothèse d’une non dynamisation des sections rente, d’un cours de pétrole à prix constant, fluctuant entre 40/60 dollars, 33% des recettes de Sonatrach provenant du gaz ,dont le prix de cession sera encore plus bas avec la fin des contrats à moyen/long terme , le dinar officiel se cotera à plus de 150/160 dinars un dollar en 2018 et le parallèle s’orientant vers 200 dinars undollar. Précisons que pour la période 1970 à 1995, le dinar a été coté administrativement, comme à l’ère soviétique sa cotation ayant peu de signification. Depuis, 1994/1995 à 2016, sa cotation fluctue entre une gestion administrative et une gestion répondant aux normes du FMI, puisque le dinar algérien n’est pas convertible. Le dinar algérien était coté en 1970 à 4,94 dinars un dollar- 1980 à 5,03 dinars un dollar- 1995 à 47,68 dinars un dollar, suite au rééchelonnement, et le 08 aout 2016 à 121,67 dinars un euro et 109,77 dinars un dollar avec un cours sur le marché parallèle qui est de 180 dinars un euro. Dès lors réflexe naturel de tout agent économique, les ménages ou opérateurs privés se réfugieront dans l’achat de devises fortes, de l’or ou de l’immobilier afin de préserver le pouvoir d’achat de leur épargne

3.- Ce n’est pas une question de Lois d’investissement (combien de Lois depuis l’indépendance ?), mais il s’agit de l’approfondissement de la réforme globale, condition sine qua non d’une économie productive dans le cadre des valeurs internationales. L’Algérie peut-elle continuer à verser des salaires sans contreparties productives, et consacrer le montant faramineux de subventions et transferts sociaux, non ciblés qui ne s’adressent pas essentiellement aux plus démunis, quitte à conduire le pays au suicide collectif ?

Il est vrai que la situation est différente de la crise de 1986 avec le niveau relativement élevé des réserves officielles de change, bien qu’en baisse et le niveau historiquement bas de la dette extérieure peut surmonter les « chocs » externes, sous réserve d’une réorientation urgente de toute la politique socio-économique actuelle. Avec des objectifs stratégiques précis, un langage de la vérité , le retour à la confiance et la moralité de ceux qui gouvernent la Cité, une autre gouvernance locale et centrale , reposant sur l’économie de la connaissance, des institutions réalisant la symbiose Etat-citoyens, donc de profondes réformes structurelles, micro-économiques et institutionnelles, certes difficiles, car déplaçant d’importants segments de pouvoir assis sur la rente, devant éviter de vendre tant l’illusion monétaire que mécanique des années 1970 étant à l’aube de la quatrième révolution industrielle, l’Algérie qui recèle d’énormes potentialités , peut relever les nombreux défis et éviter d’aller au FMI horizon 2019/2020, ce qui serait un drame à la fois économique et politique pour le pays. Un sursaut national s’impose.