Alors que l’Afrique continue de se débattre avec une pénurie aiguë de dollars aux répercussions négatives sur les entreprises et les ménages, les banques centrales du continent s’échinent à éviter d’épuiser leurs réserves de change.
À titre d’exemple, le gouvernement algérien a pris plusieurs mesures pour endiguer la fonte des réserves de change du pays. Les principales concernent la régulation des importations qui engloutissaient d’énormes quantités de devises. Ainsi l’importation de produits de large consommation fabriqués localement est interdite, et celle des marchandises destinées à la revente en l’état est soumise à la condition de la domiciliation bancaire. Et récemment, le ministère de l’Industrie a décidé d’encadrer l’importation d’équipements de production rénovés.
En Ouganda, le président Yoweri Museveni a souligné que son gouvernement ne pouvait plus se permettre de subventionner les importations de denrées alimentaires et de produits de base essentiels. Il a justifié cette mesure en affirmant que cela serait désastreux pour les maigres 4,5 milliards de dollars de réserves étrangères de son pays. Au Kenya et au Nigeria, les banques sont mandatées pour rationner la vente de dollars aux importateurs.
Qu’est-ce que les réserves de change et à quoi elles servent ?
En effet, les réserves de change sont « des avoirs en devises étrangères et en or détenus par une banque centrale. Celles-ci prennent la forme de bons et obligations du Trésor d’États étrangers, ce qui permet à ces réserves de rapporter un intérêt. » Les autorités monétaires utilisent les réserves de change, entre autres, pour réguler les taux de change.
Comment se constituent les réserves de change ?
Lorsqu’une entreprise (publique ou privée) exporte, elle reçoit en paiement de la devise (dollar, euro…). Pour changer celle-ci en monnaie nationale, elle la vend à la banque centrale du pays. L’entreprise reçoit donc la monnaie domestique dans laquelle elle paye ses impôts et les salaires de ses employés, et la banque centrale augmente ses réserves de change.
Rôle des réserves de change
La première raison d’être des réserves de change est d’entretenir la confiance des marchés envers la monnaie nationale ; de montrer que le pays a les moyens de résister aux chocs économiques (hausse des prix des matières premières ou des biens manufacturés, crise de la dette, catastrophe naturelle, déséquilibre du commerce extérieur, etc.).
En outre, les réserves de change servent aussi à affronter les situations de déficit commercial (importations supérieures aux exportations). Si l’on compare un pays à un individu, une crise de la balance commerciale correspond à la situation dans laquelle les dépenses surpassent les revenus. Dans ce cas, la personne se retrouve dans l’obligation, soit d’emprunter de l’argent, soit de puiser dans son épargne tout en réduisant drastiquement sa consommation.
Les réserves de change constituent donc une épargne qui permet à un pays de continuer à importer malgré les aléas du commerce international.
- Les réserves de change servent de fonds de secours au cas où la monnaie d’un pays se dévaluerait de façon spectaculaire.
- Elles constituent une source de prestige économique. En effet, les puissances respectent davantage les pays disposant de réserves de change élevées en raison de leur position économique forte.
- Les pays qui possèdent des réserves de change importantes ont tendance à attirer des opportunités viables de commerce extérieur et d’investissement.
Quels sont les pays africains qui possèdent les réserves de change les plus importantes ?
Cette liste a été élaborée à partir des chiffres que les banques centrales africaines ont rendus publics, ainsi qu’en s’appuyant sur d’autres sources fiables (Reuters, Banque mondiale, Trading Economics, etc.).
- L’Afrique du Sud : les réserves de change du pays s’élèvent actuellement à la somme de 60,2 milliards de dollars.
- Algérie : notre pays possède des réserves de change de 43,5 milliards de dollars.
- Nigeria : Les données de la Banque centrale du Nigeria indiquent que les réserves de change du pays atteignent actuellement 39,6 milliards de dollars.
- Égypte : ensuite, nous avons l’Égypte avec des réserves de change de 37 milliards de dollars.
- Maroc : les réserves de change du royaume chérifien s’élèvent à 33,3 milliards de dollars.
- Angola : le pays dispose actuellement de réserves de change à hauteur de 14,7 milliards de dollars.
- Kenya : ce pays d’Afrique de l’Est dispose de réserves de change à hauteur de 12,6 milliards de dollars.
- République démocratique du Congo : les réserves de change de la RDC sont de 11,1 milliards de dollars.
- Ghana : les réserves de change du Ghana sont actuellement de 9,7 milliards de dollars.
- Tunisie : les réserves de change de la Tunisie s’élèvent à 8 milliards de dollars, selon Reuters.
Ainsi, grâce au montant de 44 mds de dollars atteint à la fin septembre 2021, l’Algérie se hisse au 2e rang africain (41e mondial) dans le classement des pays aux réserves de change les plus importantes. Pour rappel, les réserves de change de l’Algérie s’élevaient en 2014 à plus de 194 milliards de dollars.