Résidence de Club des pins : la 49ème wilaya

Résidence de Club des pins : la 49ème wilaya

Au début des années 90 alors que le terrorisme prenait de l’ampleur en Algérie, que les groupes islamistes armés s’attaquaient aux principaux responsables du pays, aux enseignants, journalistes, ingénieurs, imams, ministres, officiers supérieurs, cadres de différents secteurs, l’Etat a décidé, dans un souci de protection d’assurer la sauvegarde des responsables politiques et militaires du pays en les logeant au sein d’une résidence sécurisée « le Club des pins ».

Une exception incongrue, choquante et indécente

Mais aujourd’hui que l’Etat claironne que le terrorisme a été vaincu, ce qui est en  grande partie vrai, et que ce qui en reste n’est que résiduel, ce qui est encore vrai, pourquoi cette résidence continue t-elle à vivre comme si le terrorisme est toujours présent ? Pourquoi continue t-on à la laisser fermer aux communs des mortels ? Pourquoi continue t-on à lui consacrer un budget colossal ? Pourquoi ses résidents continuent-ils à squatter les villas ? Pourquoi continue t-on à en faire une wilaya autonome ?

Une situation inédite dans le monde, une résidence fermée qu’on ne trouve nulle part ailleurs, une exception typiquement algérienne, mais une exception incongrue, choquante et indécente.

Le gouvernement qui cherche des niches de dépenses injustifiées ou inutiles devrait penser à soulager l’Etat de la prise en charge des loyers faramineux et factures d’eau, d’électricité et de gaz au profit d’une faune d’anciens et nouveaux responsables titulaires de hautes fonctions au sein de l’Etat, résidants à Club des pins, ce qui fait d’eux des administrés du puissant Abdelhamid Melzi qui y règne depuis 1990, soit 25 années exactement.

Ce personnage, multi-Président-Directeur Général est PDG de la résidence d’Etat de Club des Pins, PDG de la SIH, PDG de la SDH (algéro-libyenne), PDG de la SHS (Sud), Président du Conseil d’Administration de SIDEVAL. A lui seul il est bénéficiaire de plusieurs salaires et revenus sans parler des multiples biens immobiliers qu’il a accaparés à Moretti en même temps à l’instar d’autres  dignitaires.

La part des villas occupées par les membres du gouvernement actuel est minime par rapport à celles qui demeurent à la disposition des anciens ministres, magistrats, walis et autres hauts fonctionnaires. Même après le décès de certains hauts dignitaires de l’Etat, les familles de beaucoup d’entre eux habitent encore à Club des pins. Nombre de ces indus occupants continuent à habiter gratuitement  à la résidence d’Etat et louent leurs maisons privées en ville.

Bensalah, Sellal, Ouyahia

Une simple vérification permettrait de découvrir que de nombreux occupants des villas n’y logent pas leur familles mais leurs maîtresses. Il y a aussi des polygames qui sont servis en double et en triple, sans compter ceux pour lesquels Melzi fait construire une villa supplémentaire jumelée à celle déjà occupée, comme cela été le cas pour Abdelmalek Sellal aussitôt qu’il a été nommé Premier ministre.

Abdelkader Bensalah, le président du Sénat, va bientôt réceptionner la luxueuse demeure qui lui a été construite sur mesure là ou a été rasée une ancienne villa de l’époque coloniale. Quant à Ahmed Ouyahia, le secrétaire générale du RND et directeur de cabinet à la présidence, il a fait transformer sa résidence en un véritable bunker et trouvé le moyen de faire attribuer une villa pour chacun de ses deux garçons mariés qui résident sans justification aucune à Club des pins. D’autres dignitaires logent leurs gendres en leur nom.

La longévité de Melzi et de sa secrétaire est attribuée par certains connaisseurs du microcosme à leur état de serviteurs dociles, malléables et corvéables à souhait, capable de se transformer pour le premier en majordome dévoué et la seconde en gouvernante d’où les privautés que toutes les deux ont tiré et tirent encore sans que personne ne trouve à redire.

Pour la petite histoire, et pour démontrer la toute puissance de la secrétaire, celle-ci possède une maison, pas loin de Club des pins, et qui était située précisément sur l’alignement du dédoublement de la voie rapide allant de Staoueli vers Ain Benian. Non seulement la maison a été contournée, pour éviter sa démolition, mais bien au contraire, elle a été embellie et entourée d’un fort coûteux mur de clôture.

Le processus de restitution de Club des pins en marche

Outre ses résidents attitrés, Club des pins est fréquenté par les gens de tous acabits qui achètent leurs badges auprès des agents de Melzi qui se font, grâce à ce commerce fort juteux, un bon pactole à chaque saison estivale.

Après les derniers limogeages, décidés par le Président, des sources bien informées pronostiquent  que le tour de Melzi ne saurait tarder et que la gestion du processus de restitution de Club des pins au secteur du tourisme, c’est à dire au peuple Algérien, sera dévolue à la Présidence et sa protection sécuritaire, d’ici le départ des officiels qui y habitent, sera assignée à la Garde Républicaine en lieu et place de la gendarmerie nationale.

A l’heure où nous mettons en ligne, Algérie1 a appris que l’ex ministre Abdelaziz Ziari a été invité ce jour à libérer sa villa qu’il occupe à Club des pins. Sa famille a reçu la notification, lui se trouvant présentement à l’étranger. Quelle va être la destination finale de cette villa si Ziari obtempère au oukase de Melzi. Affaire à suivre.