Depuis 2021, la Commission européenne critique les restrictions algériennes sur les exportations et investissements européens. Ces mesures, censées stimuler la production locale, compliquent l’ouverture du pays aux investisseurs étrangers.
En effet, depuis plusieurs années, l’Algérie a mis en place des restrictions pour booster sa production locale. Cependant, ces initiatives ont généré des tensions avec l’Union européenne (UE). La Commission européenne a récemment lancé une procédure de règlement des différends contre l’Algérie, l’accusant de restreindre les exportations et les investissements européens.
L’UE a formulé huit plaintes contre l’Algérie. Parmi celles-ci, un certificat d’importation, introduit en 2022, qui est souvent refusé de manière « arbitraire et immotivée » aux entreprises européennes. En outre, un système de licences d’importation fonctionne comme une interdiction déguisée. Ces restrictions touchent plusieurs secteurs, allant des produits agricoles aux véhicules à moteur.
De plus, l’UE critique aussi l’interdiction de domiciliation bancaire pour les entreprises important des produits en marbre et céramique. Cette mesure équivaut à une interdiction d’importation de ces produits. De plus, les constructeurs automobiles doivent intégrer un pourcentage croissant de produits locaux pour la fabrication des véhicules. Les subventions accordées sont conditionnées au respect de cette règle, compliquant ainsi les opérations des entreprises européennes.
L’Impact sur les échanges européens
Les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne ont été gelés après que Madrid a soutenu la position marocaine sur le Sahara occidental en 2022. Depuis, seul le commerce de quelques produits agricoles a repris. Ces mesures violent, selon l’UE, l’accord d’association UE-Algérie en vigueur depuis 2005, qui vise à faciliter le commerce bilatéral.
L’UE demeure le principal partenaire commercial de l’Algérie, représentant plus de 50% de ses échanges extérieurs. Cependant, les exportations européennes vers l’Algérie ont chuté de manière significative ces dernières années. Elles sont passées de 22,9 milliards en 2014 à 14,9 milliards en 2022, soit une baisse de 45%.
Pour résoudre ces différends, la Commission européenne a tenté d’ouvrir un dialogue constructif avec l’Algérie. En janvier, des représentants européens se sont rendus à Alger, mais ces discussions n’ont pas abouti. En réponse, l’UE a entamé une procédure visant à préserver les droits des entreprises et exportateurs européens en Algérie. Selon la Commission, les restrictions algériennes nuisent également aux consommateurs algériens en réduisant leur accès à une variété de produits.
La stratégie algérienne : entre stimulation locale et barrières
L’Algérie a adopté ces mesures en réponse à la crise économique engendrée par la pandémie de Covid-19. Le pays a cherché à limiter ses importations pour combler ses déficits et diversifier son économie. L’objectif était de stimuler la production locale et d’attirer des investissements étrangers en allégeant la bureaucratie. Cependant, ces initiatives ont parfois été appliquées de manière désordonnée. Par exemple, en 2021, l’Algérie a drastiquement réduit les importations de lait en poudre avant de revenir sur cette décision faute de ressources locales suffisantes.
Les experts observent un manque de cohérence et de conformité avec le droit international dans la politique économique algérienne. Bien que le gouvernement cherche à projeter une image d’ouverture aux investissements étrangers, il multiplie simultanément les obstacles à l’importation. Ces pratiques reflètent un problème plus profond : la difficulté pour les élites algériennes de passer à une économie de marché. Cela remet en question des rentes et des intérêts établis, rendant cette transition économique particulièrement exigeante.
Perspectives pour l’avenir
La Commission européenne continue de chercher des solutions pour résoudre ces conflits avec l’Algérie. Un dialogue constructif est crucial pour éliminer ces restrictions et faciliter le commerce bilatéral. L’UE reste déterminée à défendre les droits des entreprises européennes tout en soulignant l’importance d’une ouverture économique cohérente et transparente en Algérie.
Pour conclure, la friction entre Bruxelles et Alger est le reflet des défis rencontrés par l’Algérie dans sa quête de développement économique. Un équilibre entre protection de la production locale et ouverture aux investissements étrangers est essentiel pour un avenir prospère.