Le calvaire des souscripteurs de la formule logement public promotionnel (LPP) continue. Ces derniers se disent aujourd’hui «déçus», «lésés», voire «arnaqués».
Après plusieurs rassemblements de protestation, organisés régulièrement depuis le début 2015, les souscripteurs au programme de logement public promotionnel (LPP) se sont organisés, enfin, en créant une coordination nationale sous la chapelle de l’Association pour la protection et l’orientation du consommateur et son environnement (Apoce).
Ainsi, la coordination a organisé, hier, sa première conférence de presse au siège l’Unpef, au 1er-Mai, où son président, Reda Melat, est revenu sur les péripéties vécues par les milliers de souscripteurs au programme LPP. En effet, d’emblée, il a dénoncé les «nombreuses entorses à la législation et la réglementation, dès lors que des abus unilatéraux et discrétionnaires dans les décisions prises pénalisent lourdement les souscripteurs». Plus explicite, il pointe du doigt «l’autoritarisme» du ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville et de l’Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI) en charge de la réalisation de ce programme public de logement haut standing.
Selon lui, «le prix du mètre carré dépasse actuellement les 90 000 DA, alors qu’initialement il était de 45 000 DA». Il s’insurge contre «le renchérissement effréné du prix du logement qui a atteint des proportions inquiétantes pour les prétendants à ces futurs logements haut standing». Pour lui, ce sont «deux poids, deux mesures» de l’Etat dans le prix des logements des formules AADL et LPP. «Pour une différence de salaire qui ne dépasse pas les 10 000 DA, un logement LPP dépasse celui AADL de près de 10 millions de dinars», a-t-il indiqué. Il a dénoncé également le mode d’acquisition prévu par la loi et qui consiste en le recours direct à un crédit bancaire. «Ce mode est jugé usurier par nombre de souscripteurs. Outre l’aspect religieux de ce procédé, il y a aussi la contrainte financière, car les intérêts à payer pour le crédit contracté constituent un fardeau supplémentaire que le souscripteur ne peut supporter», indique-t-il. Il qualifie, par ailleurs, d’«arbitraire» le procédé d’affectation.
Le cafouillage des affectations de sites
Lui emboîtant le pas, Djamel Touati, avocat et membre de la coordination, parlera des critères d’affectation vers les sites. Selon lui, «l’entreprise n’a respecté aucun critère dans l’attribution des sites, notamment l’adresse de résidence et du lieu de travail du souscripteur». En effet, les critères du lieu de travail et de résidence n’ont pas été respectés dans l’affectation, contrairement à ce que le ministre avait assuré. «L’ENPI a pris uniquement en compte la date du paiement». «Il y a des souscripteurs qui travaillent à l’est et ont été affecté à l’ouest et vice versa», s’est-il indigné. Djamel Touati a insisté, par ailleurs, sur la nécessité de «revoir les délais des projets en retard et de soumettre des contrats de souscription dans lesquels sont précisés les délais de remise des clés et les actes de propriété». «D’ailleurs, plusieurs souscripteurs se sont désistés à cause de ce retard», a-t-il ajouté.
Graves imperfections dans les habitations
Concernant la qualité des logements, le président de cette coordination n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. En effet, il a dénoncé un état catastrophique. Il dira que «cette formule censée être de haut standing est très loin du standing promis, c’est même du très très bas standing. Les logements sociaux sont de qualité meilleure». Selon lui, les matériaux utilisés sont de très mauvaise qualité. «Rien à voir avec le rêve que l’on nous a vendu», expliquant que «la faïence et le carrelage sont de la qualité la plus basse que l’on trouve sur le marché. Les finitions sont catastrophiques et les matériaux utilisés sont de dernier choix». «La tuyauterie est apparente. La cuisine est censée être toute équipée alors que ce n’est pas le cas», poursuit-il.
«Le cahier des charges pour la réalisation des logements LPP est le même que celui des logements sociaux, ce qui explique la mauvaise qualité de ces logements», a fait savoir Djamel Touati.
«Le plus important pour nous, actuellement, c’est qu’on réponde à nos doléances et de manière officielle», exige-t-il, demandant une «rencontre-débat avec le ministre de l’Habitat». La coordination avait décidé d’accorder au ministère de l’Habitat un délai de 10 jours pour satisfaire ses revendications avant que les souscripteurs ne boycottent les opérations de versement des tranches restantes et de remise des clés. Cette décision fait suite à la non prise en charge par le ministère des revendications des souscripteurs, notamment en ce qui concerne les délais de livraison, la révision des prix des logements, la révision des modes de paiement outre les défauts techniques des logements et la réintégration des souscripteurs exclus du programme.