Tous les vols internationaux d’Air Algérie en provenance des différents aéroports accusent des retards qui se chiffrent souvent en plusieurs heures. Le vol AH 1037 Lyon-Alger, quant à lui, subira un retard de dix heures. Prévu pour 12h55, il n’arrivera finalement qu’à 23h. Pour les départs, les vols accusent eux aussi d’énormes retards sur les horaires prévus.
Hier, midi, dans l’enceinte de l’aéroport d’Alger Houari Boumediene. Il n’y avait pas foule des grands jours. Le rush des voyageurs n’est pas encore au rendez-vous. Les guichets des compagnies aériennes sont pratiquement déserts, si ce n’est quelques passagers qui demandent des informations sur un départ ou une arrivée. Un rapide coup d’œil sur le tableau d’affichage des arrivées.
A la lecture, une contestation. Pratiquement tous les vols internationaux d’Air Algérie en provenance des différents aéroports accusent des retards qui se chiffrent souvent en plusieurs heures.
Le vol AH 104, Nice-Alger, dont l’arrivée était prévue à 12h25, est retardé à 16h. Celui de Dubaï, était annoncé pour 7h35, l’horaire prévu pour son arrivée est laissé en blanc, sans aucune indication. Le vol AH 1037 Lyon-Alger, quant à lui, subira un retard de dix heures. Prévu pour 12h55, il n’arrivera finalement qu’à 23h.
Celui de Paris Charles de Gaulle, AH 1003, est prévu pour 13h40. Il ne sera à Alger qu’à 21h. Le Milan-Alger, AH 2027, dont l’arrivée était annoncée pour 13h40, puis 15h30 n’atterrira sur la tarmac de l’aéroport Houari Boumediene qu’aux environs de 18h.
Pour les départs, les vols accusent eux aussi d’énormes retards sur les horaires prévus. Le vol AH1000 d’avant-hier, à destination de Charles De Gaulle prévu à 10h00 a été reporté pour 13h55. N. K. et son épouse, accompagnés de leur bébé de 18 mois, résidents à Paris, étaient à l’aéroport d’Alger trois heures avant l’heure de décollage de leur avion.
Le désarroi des passagers
Sur les lieux, ils apprennent via le tableau d’affichage que le vol est retardé. Le nouvel horaire indique 13h55. Aucune information n’est fournie aux passagers qui devaient embarquer sur ce vol. Ils priaient Dieu que ce retard ne va pas au-delà du nouveau horaire indiqué sur le tableau d’affichage.
Prenant leur mal en patience, ils déambulent, comme le leur a recommandé un agent de la compagnie nationale, dans la salle des pas perdus de l’aéroport, histoire de « tuer le temps » de ces trois longues heures qui n’étaient pas prévues dans leur programme. Silence total des agents d’Air Algérie qui n’ont pas cru utile d’informer les passagers qui sont nombreux à avoir enregistré leurs bagages.
Il est treize heures, N. K et sa femme se sont allés s’enquérir de leur vol à destination de Paris. « C’est à 14h », leur ont répondu deux hôtesses. Ils ont eu la même réponse par le préposé à l’orientation des passagers ainsi qu’un agent au comptoir de la compagnie nationale.
A 14’40, personne n’avait une heure fixe pour le départ de l’avion qui devait ramener à Paris les centaines de passagers.
A 15h, Air Algérie s’est souvenue que des passagers sont en attente sur un de ses vols pour Paris. Ils ont eu droit à un plateau-repas. Mais les bébés ont été oubliés, au grand désappointement des mamans qui ne savaient quoi faire pour tromper la faim qui tenaillait leurs petits enfants.
Des explications évasives
Plus de deux heures après, le vol est parti. Il était 17h25. La même mésaventure a été vécue à Orly par les passagers du vol d’Air Algérie qui devait rallier Alger avant-hier, mardi. Le décollage était prévu à 20h50. A l’heure, les agents de la compagnie nationale leur annonce que le vol est tout simplement annulé. Les passagers en partance pour Alger n’en revenaient pas de l’explication qui leur a été fournie pour justifier cette annulation.
« L’adjoint au chef d’escale nous a dit que l’avion sur lequel nous devions embarquer a été dirigé sur l’Afrique du Sud pour ramener les supporteurs algériens de ce pays », s’est indigné un passager de ce vol, M. S., commercial chez Renault, résident à Paris. Il est arrivé à Alger, hier à 11h30.
A sa sortie, dans le hall des arrivées où des membres de sa famille sont venus l’accueillir, il a exprimé sa colère en narrant dans les détails les péripéties de son voyage dont il se souviendra pendant longtemps. « A minuit, les agents d’Air Algérie sont venus nous proposer de passer la nuit à l’Hôtel », s’est-il rappelé.
Le passager, qui avait la chance d’habiter tout près d’Orly, a refusé et a préféré rejoindre son domicile. « Vous devez être là à 6h du matin », lui a fait savoir un agent de l’escale d’Orly. La même indignation se lisait sur le visage de S. K., agent de la RATP, résident lui aussi à Paris. Il a vécu les mêmes déboires que son compatriote M.S., mais il n’avait pas le choix, il a accepté de passer la nuit à l’hôtel.
Il raconte. « A minuit, les agents d’Air Algérie nous ont pris en charge. Ils nous ont hébergés à l’hôtel de Villepinte, loin d’Orly », narre-t-il avec amertume. « A 6h du matin, on a repris le chemin inverse pour rejoindre Orly.
Le trajet en bus a pris une heure trente minutes. Nous avons embarqué à 10h10’ », a-t-il dit, un soulagement très perceptible dans sa voix.
Cette mésaventure lui laisse dire que « Air Algérie n’a rien d’une compagnie aérienne qui respecte ses clients ».
Ce compatriote, qui a fait le pari de vivre en France, insiste sur son choix porté sur le pavillon qu’il qualifie de « patriotisme », ne compte pas cependant pardonner à la compagnie nationale son impair.
Pour lui, l’« annulation » d’un vol est tout à fait différent d’un « retard ». Il envisage de poursuivre Air Algérie pour le remboursement de son billet. « Je vais envoyer une correspondance à la direction générale et j’aviserais après sa réponse », a-t-il fait savoir, en s’étranglant de colère du fait qu’Air Algérie a osé leur réclamer le payement d’excédent de bagages.
Il est tout envieux de voir un vol de la compagnie allemande Lufthansa arrivée à Alger à la minute prévue. « La ponctualité est ce qui fait la différence », a-t-il assené en tirant son chariot vers la sortie.
Sadek Benhocine