Retour sur une sortie frisant la déroute pour les Verts

Retour sur une sortie frisant la déroute pour les Verts

«Belle» façon d’éviter un naufrage programmé à l’arrivée d’une 1ère mi-temps de pur cauchemar. «Belle» manière de sauver les meubles. Au moment où l’on s’y attendait le moins. Où le sort paraissait scellé, les carottes cuites. Angoisses et frayeurs toujours garanties. Sauf si…

Du grand M’Bolhi

Alors que les Tanzaniens, menés par un tandem Samatta-Ulimwengu- de feu et qui a fait feu de tout bois, en faisant voir de toutes les couleurs à une défense des Fennecs plus que fébrile, par endroits dépassée par les événements, s’acheminaient tout droit vers un succès tranquille (à vingt minutes de la fin, avant que le bien nommé Slimani ne fasse parler la poudre en faisant mouche à deux reprises en moins de cinq minutes, virant au bonheur pour lui et ses camarades frisant alors la catastrophe à chaque accélération adverse) et largement mérité d’ailleurs, le public algérien craignant, alors et à juste titre, le pire, une véritable correction qui aurait mis fin prématurément, d’entrée de qualifications, aux ambitions mondialistes, Slimani décidait de rendre la pareille à l’autre sauveur du jour, le portier M’bolhi dont la classe, ajoutée à une baraka tombée du Ciel, lui permettra de différer longtemps la sentence en plus de limiter les dégâts plus d’une heure durant.

Maintenir l’espoir, la porte constamment ouverte à un exploit au moment où l’on n’y croyait plus, tout le monde priant que la note de 2-0 ne soit pas plus salée et ne rende la manche de Blida-Tchaker d’après-demain facultative. Une simple formalité pour une sélection tanzanienne dont le début de match en fanfare lui permettra de renverser, sur nombre d’occasions tranchantes, une défense verte comme l’esprit ailleurs.

Dans les nuages et laissant libre cours à ses vis-à-vis d’enchaîner, les uns après les autres, des contres rondement menés et à l’issue (à part les deux réalisations de la 43e et la 54e minutes présageant un réel naufrage au vu de la physionomie de la partie et l’ascendant de tous les instants de l’adversaire encouragé, par ailleurs par la partialité d’un arbitre malien bien dans son rôle comme le veulent les coulisses en Afrique), dommageables au tableau d’affichage.

Du grand M’bolhi derrière, bien concentré sur son sujet et qui a su, presque à lui tout seul, décourager les fines gâchettes de «Taifa Stars» qui regretteront pour longtemps ce tournant du match que leur fer de lance, Samatta encore lui, pourtant en bonne position, rater le K.O et ce 3e but qui aurait tout changé. Gâcher pour de bon la mission des poulains de Gourcuff, qui affichera une mine plutôt radieuse à la fin de la partie non sans reconnaître, sportivement, les mérites d’un Onze tanzanien des plus «coriaces.»

Miracle à la Slimani

Une équipe «très rapide avec des attaquants solides et vifs.» Un coach national qui respire momentanément, bénéficie d’un nouveau sursis et justifie la pâle copie rendue par «les conditions climatiques et le mauvais état de la pelouse qui n’ont pas été en notre faveur. Nous a beaucoup désavantagé (…)

Mes joueurs n’ont pas pu s’y adapter et l’on n’arrivait pas à enchaîner deux passes de suite.» Pour dire que le long et harassant voyage de Dar-Essalem, au pied du Kilimandjaro, n’a pas été, loin s’en faut, une simple virée touristique, les Ghoulam, qui terminera la partie en boitant et auquel le très puissant Ulimwengu, dans tous les bons coups de son attaque et qui aura pris de vitesse sur bien d’actions meurtrières, une défense algérienne encore une fois des plus perméables, a réservé un traitement spécial en usant d’antijeu devant les yeux d’un arbitre n’ayant rien vu. Encouragé les «Taifa» à confondre engagement physique et agression tout court.

Une sélection algérienne timorée qui, et bien qu’avertie, se laissera faire. Se fera dominer copieusement en passant, plus souvent que permis, à côté de la correctionnelle.

D’une déculottée historique n’eurent été, d’abord Raiss Ouahab M’Bolhi, maître de sa surface malgré les deux buts encaissés et sur lesquels sa responsabilité n’est pas engagée, ensuite le coaching avisé de Gourcuff (il doit sûrement apprécier les propos de son président, Raouraoua- un clin d’œil et un message de soutien ?- qui estime, notamment que «les changements opérés par le coach étaient bons, puisqu’ils ont permis de modifier le jeu de l’équipe (…)

Un coaching excellent puisque l’équipe a remonté le score.»), resté apparemment dans le match, serein alors que les choses semblaient mal engagées, la messe dite (menés au score de buts contre rien) et qui aura la présence d’esprit, a vu juste, en opérant des changements (entrées en jeu de Bentaleb et de Belkaraoui qui libéreront Medajani passé dès lors à un poste de sentinelle aux effets stabilisateurs) salutaires avec le renforcement du compartiment où ça fonctionnait le plus mal (la défense) à des moments critiques de la rencontre dans l’optique, entre autres, de limiter la casse, et enfin, le retour à la surface d’Islam Slimani et à ses vertus de buteur providentiel, aidé en cela par la providence et une «chance» que seuls les «serials-buteurs» connaissent. Un opportunisme rare, cent pour cent de réussite et un doublé qui fera date pour l’attaquant du Sporting de Lisbonne (il dépasse désormais Soudani dans le classement des meilleurs buteurs de l’E.N en activité avec 18 réalisations) que son club, fier de son réalisme, félicitera sur les réseaux sociaux.

Tellement fragiles !

L’Algérie, qu’attend 90 autres minutes loin d’être évidentes, la qualification loin d’être acquise, peut donc dire merci au duo M’Bolhi-Slimani dont la prestation lui a permis de revenir de loin, sortir la tête de l’eau après une vraie tempête, un calvaire long de 70 minutes avant que les dieux du stade, dans un retournement de situation incroyable, lui accorderont ses faveurs sous la forme de deux éclairs de vieux routiers, le facteur expérience ayant pesé dans le retour des Verts dans le match malgré toutes les difficultés.

Belle façon donc d’éviter un naufrage en règle et belle manière aussi de sauver les meubles avant le couper et de mardi (19h15) où il s’agira de tirer les leçons d’un test où l’humiliation a été évité de justesse tant, aussi bien dans le jeu que dans l’esprit (nos joueurs ont paru émoussés, voire absents), la différence entre les deux teams a paru notable, pour ne pas dire cinglante. Ce qui fait à coach Gourcuff que «le retour ne sera pas de tout repos.» Sauf que, cette fois (ce n’était pas le cas avant Dar Essalam ?) «On est bien avertis.

On ne sera pas surpris.» Depuis la sortie en terre Lesothanes (un large succès arraché dans les tous derniers instants, mais la manière en moins) et les deux récents examens guinéen et sénégalais (qui ne se rappelle pas la bronca du public du «5 juillet» sorti mécontent du niveau de jeu à la limite de l’affligeant montré à l’occasion par les camarades des deux absents de marque -Feghouli et Brahimi en l’occurrence, en ce samedi, de toutes les peurs, mais qui se termine sans trop de frais et maintient en vie la sélection dans sa quête de la phase de «poules» avant Moscou en 2018), jamais l’E.N, depuis son retour du Brésil, n’a paru aussi déstabilisée. Tellement fragile. En rupture de ban, voire en désamour flagrant avec ses fans.

Dar Essalem, au-delà du score final et un nul au goût de victoire lorsqu’on déroule le film d’un match à fort accent d’angoisse, aura finalement été première escale importante. Une étape ô combien problématique où l’attendaient des «Taifa Stars» dans la peau de véritables épouvantails passés à deux doigts (ils doivent maudire le métier de M’Bolhi et l’art de Slimani qui ont su la remettre dans le bon wagon d’un défi, qu’on pensait perdu le second half à peine entamé avec ce qui paraissait un coup de grâce signé Samatta) de contrecarrer les desseins des Algériens qui rêvent d’une passe de trois dans les éliminatoires menant à un Mondial.

Attendus au tournant

Un 3e billet de suite possible. Auquel il faudra maintenant donner forme dans «la ville des roses» et son jardin fétiche de Tchaker. En n’oubliant pas que ça ira très vite et qu’aucune erreur ne sera désormais permise.

Qu’il n’y aura aucun répit, aucune excuse, pour les retardataires, les trains passant les uns après les autres sans se soucier de laisser sur les quais les moins audacieux) au pays des Tsars et leur fabuleuse histoire. L’occasion rêvée pour le «Club Algérie» d’oublier enfin le détour brésilien et l’exploit réalisé (un second tour historique fêté comme il se doit même si la ferveur populaire n’y est plus depuis un certain temps) et se consacrer à nouveau à de nouveaux défis aussi prenants (ils ont, avant ce véritable os tanzanien, débuté par la phase de poules des qualifications pour la CAN 2017 au Gabon avec un certain bonheur, la bande à Gourcuff, toutefois contesté comme rarement et au bord de la crise de nerfs, ayant pris une grosse option avec une main, mise un totale sur le groupe et une domination qui ne fait pas l’ombre d’un doute, quant à la 1ère place presque dans les poches, il suffit seulement de bien terminer le boulot, quand bien même la manière ne suit pas au grand dam des puristes) où il est attendu au tournant par toutes les sélections du continent et d’ailleurs, les plus grandes écuries internationales leur vouant maintenant un total respect.

On tourne la page dès lors, voire bien avant que les Ghoulam, Slimani, Mesloub et autres ont déposé leurs valises à Dar Essalem où ils ont (c’est confirmé maintenant) joué une carte difficile.

On tourne la page (Brésil 2010) pour en écrire une autre (Russie). Semée d’embûches, car dans un contexte un peu spécial qui voit les «Fennecs» faire face à d’énormes problèmes, notamment en termes de confiance (ils ont perdu et leur verve et la belle relation les liant à leurs supporters), avec des sorties pour le moins peu convaincantes.

Problèmes en tout genre déstabilisant un groupe souffrant du sort qui lui est réservé (le sélectionneur national, mal dans sa peau et soumis à une terrible pression, serait, dit-on, sur le départ et ne devant pas survivre à ce 1er tour de tous les dangers) et répondant de moins aux attentes des observateurs à (re)voir les pales copies rendues depuis le retour du pays de Pelé. Les Verts, face à leur destin, et qui ont toujours leur destin en main et les moyens de sortir indemnes de n’importe quel guêpier (à commencer par ce qu’on a présenté comme le piège tanzanien, il le reste encore), ont inauguré leur nouveau périple mondial sous le sceau de la difficulté. De tous les soucis.

Des doutes à la pelle

Dar Essalam, acte I d’une mission certes difficile, mais dans les cordes d’un onze national algérien peut-être dans l’œil du cyclone, mais toujours aussi craint (cette patience montrée avant de revenir à la marque peut-être la preuve que le meilleur est à venir) sur le continent où il vient de perdre, contre toute attente (le match perdu en amical contre la Guinée, qui a provoqué une autre cassure avec le public et mis le staff technique dans tous ses états, a dû peser lourd) son statut de N°1 au profit de la Côte d’Ivoire au classement FIFA après plusieurs mois de course en tête en solitaire.

Des soucis dans tous les domaines et compartiments de jeu. Et énormément de non-dits. Frisant la campagne d’intox, du côté des responsables de la FAF, étrangement muets sur les derniers développements sur la scène concernant directement l’E.N, des problèmes réels de communication n’arrangeant pas les choses en choisissant, par exemple, de ne pas répondre aux rumeurs, pour certaines fondées, du moins pas loin de la réalité.

Comme celles, persistantes, liées à un possible, programmé, départ (démission ou limogeage) du Français Gourcuff qui n’aura pas, selon toute vraisemblance, survécu ou vécu très mal, c’est selon la réaction de l’opinion ou sortir du non match accouché contre la Guinée et la piètre prestation contre le Sénégal, le succès étriqué ne changeant en rien au désamour des spectateurs avec leurs Verts. Dar Essalam, loin d’Alger et ses tumultes. Ses frondes à répétition.

Leçons tanzaniennes

D’un public qui veut voir les siens jouer et gagner. Leur redonner du plaisir. La Tanzanie, c’est le bout de l’Afrique, des éléments contraires (état du terrain déplorable, taux d’humidité élevé, température à la limite du supportable, un accueil jamais dans les normes, un arbitrage partial, sinon vicieux, c’est-à-dire rien que ce qu’on ne sait déjà réalités des terrains africains et auxquelles les joueurs, dans leur ensemble bien armés de ce côté-ci, et donc bien avertis, assez bien préparés mentalement), mais l’opportunité de rebondir loin de la pression locale.

La chance de jouer à fond leurs cartes. Leur football (ce n’était pas encore ce qu’on attendait, mais on ne fera pas la fine bouche après ce nul positif) et lancer (c’est fait ?) le message qu’il faut à leurs fans qui feront (on peut maintenant parier) l’effort de venir nombreux, mardi, à Tchaker, les mener à un succès probant.

Les Verts, peut-être pas au mieux de leur forme et qui se cherchent encore, sont toujours à la recherche de la meilleure formule (c’est le travail de Gourcuff et ses adjoints) pour monter le meilleur groupe à même de répondre présent et se mettre à l’abri, dès ce retour des plus périlleux (c’est l’appréciation de tous) en sortant le grand jeu. En étant eux-mêmes. En jouant comme ils savent faire. Sans s’arrêter sur les impondérables qu’on sait malheureusement nombreux.

En restant fidèles à leur philosophie. À leurs convictions. Celles qui veulent qu’ils sont les favoris et parmi les meilleurs sur le continent. En se présentant en favoris. Sans trop prendre leurs adversaires de haut sous peine de désillusion. Des soucis passagers ? Sûrement et la réponse devrait sortir de ce cap tanzanien, dont il ne faut pas trop exagérer le niveau, ne pas gonfler plus qu’il n’en faut non plus la force d’un vis à vis des plus modestes, même si, samedi, avantagé par les conditions un peu spéciales entourant cette opposition, il a paru plusieurs crans au dessus.

Soucis d’effectifs, mais pas d’ambitions ?

Petits doutes donc. Rien de vraiment grave en mesure de remettre en cause l’envie de la sélection de s’assurer d’une présence au prochain tour. Faire taire les critiques et repartir du bon pied avant de récupérer tous ses blessés (malheureusement et depuis un certain temps, le sort semble s’acharner sur certains cadres et l’infirmerie ne désemplit pas) et de s’attaquer aux futures échéances.

À la recherche d’une sérénité perdue, les Zeffane (Rennes), Mandi (Reims), Ghezzal (Lyon), Medjani (Trabzonspor) et autres Bentaleb (Tottenham) et consorts ont une chance inespérée mardi, dans leur antre de Tchaker, de réhabilitation avec leur public. En gagnant leur pari. En produisant du spectacle, se montrer forts comme ils ont su le faire (en sauvant l’essentiel, un point du nul décisif) faire cas des conditions difficiles, voire hostiles, qui ont marqué la sortie de Dar Essalem.

Un match compliqué, plus que sûrement négocié finalement en pros qu’ils sont en attendant de récupérer leurs armes fatales que sont les Brahimi, Feghouli ou Soudani éloignés momentanément pour cause de pépins de santé. La liste des défections allant s’élargir, les soucis, encore une fois, ne manquent pas, loin s’en faut, de l’aveu même de Gourcuff qui reste, à l’instar de ses joueurs, aussi serein que concentré, mais les ambitions sont là. Envie de gagner et faire de la manche de Blida une sorte de déclic et se projeter déjà sur le plus difficile. Se préparer à entamer la phase de groupes dans la peau de super favori. Ne jurer que par ce ticket menant en Russie. Faut-il encore y croire ?

Azouaou Aghiles