La liste des métiers pénibles, qui permet le départ en retraite à partir de l’âge de 55 ans pour les hommes et 50 ans pour les femmes, n’entrera en vigueur qu’à partir de janvier 2018, et ce après la finalisation de la liste que l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) s’attelle actuellement à préparer. En effet, selon le président de la commission des métiers pénibles à l’UGTA, Mohamed Lamine Badreddine, qui s’est exprimé en ce début du mois de mai, cette liste ne sera adoptée qu’en 2018, et ce après examen de tous les secteurs d’activités représentés par 28 fédérations, qui se réunissent tous les lundis au siège de la maison du Peuple du 1er-Mai.
Il fera savoir, à ce propos, que les commissions travaillent en collaboration avec des médecins, pour évaluer les risques de chaque secteur et les problèmes de santé qui peuvent surgir dans chaque activité. M. Badreddine a précisé que ces médecins descendent sur le terrain, pour rencontrer les travailleurs et s’enquérir des conditions du travail, pour établir leurs rapports à étudier, une fois par semaine. «Les experts de l’UGTA prennent en charge, quant à eux, et examinent des rapports sur les métiers à haute pénibilité de certains pays du monde. Actuellement, ils étudient le modèle américain, après avoir étudié le modèle français», précise M. Badreddine, soulignant que «l’UGTA travaille indépendamment du ministère de Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, et loin de toute pression». Il dit également que «la nouvelle liste des métiers à haute pénibilité n’est pas concernée par la loi sur la retraite qui a supprimé la retraite anticipée et la retraite proportionnelle depuis le 1er janvier 2017».
Il faut souligner que le premier responsable du département du Travail et de la Sécurité sociale, M. El-Ghazi, a insisté sur la nécessité de faire preuve de «bon sens», et espère, par cette démarche, en finir, une fois pour toutes, avec cette question, d’autant plus que depuis l’annonce faite par le gouvernement de faire bénéficier les travailleurs exerçant les métiers pénibles à un départ à la retraite sans condition d’âge, on assiste à un véritable forcing émanant de tous les secteurs et de toutes les spécialités. Chacun y va de son propre argument, pour autoproclamer son métier dans la catégorie de «champion» de la pénibilité. D’ailleurs, c’est pour cette raison que le travail de la première commission pour donner ses conclusions a été retardé, puis remis à plus tard. Cependant, on sait d’ores et déjà que certains métiers sont assurés de figurer dans cette liste tant recherchée. On pense, notamment aux travailleurs des mines, des chemins de fer, des hauts fourneaux ou encore les forages pétroliers.
Ce qui est certain, c’est que la commission en question va mettre de côté les sentiments et ne tiendra compte que des critères scientifiques et médicaux qui confirmeront si tel métier est réellement pénible et met en péril la santé du travailleur. Que les emplois en question présentent des conditions particulières de nuisance.
Il faut savoir qu’en tant que partenaire social, la Centrale syndicale a été associée par le gouvernement en vue de recenser et d’identifier les métiers pénibles dont la mission de définition échoit au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale.
La première commission, qui compte plus d’une trentaine de membres représentant les fédérations de l’UGTA, des médecins et des experts, a été installée en novembre dernier, dans le but de recevoir des propositions liées aux métiers à haute pénibilité, et, depuis, elle a effectué des visites sur les lieux du travail pour se rassurer des postes définis à haute pénibilité. De l’aveu même de ses membres, le travail que cette commission a eu à mener est qualifié de «laborieux».
À noter que la décision prise par le gouvernement de supprimer la retraite proportionnelle est motivée par le souci de préserver les équilibres financiers de la caisse des retraites, mais aussi de garantir sa pérennité pour les générations futures. Cette réforme vise à revenir à l’âge légal de départ à la retraite, fixée par la loi, et à abroger l’ordonnance 97-13 relative la retraite sans condition d’âge et à la retraite proportionnelle. À cet effet, le projet de loi modifiant et complétant certaines dispositions de la loi 83-12 du 2 juillet 1983 relative à la retraite prévoit essentiellement cinq mesures phare. Il s’agit, notamment, du maintien de l’âge minimum de la retraite à 60 ans et de maintien de la possibilité de départ à la retraite de la femme travailleuse à sa demande, dès 55 ans. Les travailleurs dans des postes de travail à haute pénibilité pourront bénéficier de la retraite avant l’âge de 60 ans.
Salima Ettouahria