Un rapport officiel de l’Assemblée nationale française a révélé des chiffres précis sur les pensions versées aux retraités algériens. Contrairement aux affirmations de l’extrême droite, ces pensions sont très modestes, avec une moyenne avoisinant les 300 euros par mois. Par ailleurs, la proposition controversée visant à obliger les retraités à se déplacer annuellement au consulat français pour prouver leur existence a été abandonnée.
Ces détails ont été publiés à la suite d’un débat parlementaire sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, déposé le 30 janvier 2025 par la Commission des affaires sociales.
Une proposition controversée rejetée
L’un des points les plus polémiques était un amendement présenté par Fabien Di Filippo, député de droite. Celui-ci voulait imposer aux retraités vivant à l’étranger, majoritairement des Algériens, de se rendre chaque année aux consulats français pour attester de leur existence, et éliminer la reconnaissance des documents d’état civil algériens.
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Avant son retrait, Di Filippo a justifié cette mesure en indiquant que, lors d’un contrôle en 2022 en Algérie, 30 % des retraités concernés ne s’étaient pas présentés. Il a insinué qu’un doute subsistait sur la transmission des décès aux autorités françaises.
« Nous devons faire des économies partout. Nous ne pouvons plus nous permettre d’être aussi généreux sans un minimum de contrôle. Ce n’est pas du racisme, c’est du bon sens », a-t-il déclaré.
Une réponse ferme de la gauche
Hadrien Clouet, député de gauche (France Insoumise – Nouvelle Front Populaire), a vivement réagi. Selon lui, la fraude évoquée était largement exagérée. Il a rappelé que la plupart des retraités concernés étaient très âgés, souvent proches de 100 ans. Il a également souligné que ces pensions étaient très faibles et qu’elles rémunéraient des décennies de travail sous-payé en France.
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Selon les chiffres du Fonds national français d’assurance vieillesse, au 31 décembre 2024 :
- 335 000 Algériens perçoivent une pension de retraite française.
- Le montant moyen est de 262 euros par mois.
- Le total des pensions versées s’élève à 1,053 milliard d’euros par an.
Enfin, il a rappelé que la plupart des retraités vivant en Algérie sont des veuves bénéficiant d’une pension de réversion, ce qui explique leur âge avancé.
Le rejet de l’amendement a marqué une victoire pour ceux qui défendent les droits des retraités étrangers. Le débat, toutefois, souligne les tensions récurrentes autour du financement des retraites et des relations entre la France et l’Algérie.