L’Instance nationale de suivi et de concertation de l’opposition (ISCO), issue de la coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) s’est réunie aujourd’hui au siège du MSP à Alger.
A tour de rôle, les membres de l’Isco, qui sont présents en force à la réunion, ont commenté, en faisant un constat qui est loin d’être reluisant, la situation politique et sociale du pays avec un accent particulier sur le dernier remaniement ministériel, le 10ème congrès du FLN et le changement aux commandes du RND. Ils ont estimé, à l’unanimité, que ces changements opérés en un laps du temps ne sont pas le fait du hasard, mais ils prouvent l’état de précarité et de statu quo dans lesquels se trouve le pays.
Durant son intervention, Ali Benflis a indiqué que l’aggravation de la situation de vacance de pouvoir a complètement paralysé les institutions constitutionnelles y compris l’administration publique. Cette situation, estime-t-il, a permis à des gens de s’emparer du centre de décision en dehors du cadre constitutionnel et à opérer des changements sur la scène politique, en guise d’une réorganisation des rangs, d’un renforcement de la cohésion et d’un repositionnement pour les prochaines échéances électorales. « Convaincus que le changement est inéluctable, ils préparent alors une stratégie offensive », a-t-il affirmé. Ils sont d’ores et déjà dans l’après-Bouteflika, estime-t-il. « La succession héréditaire du pouvoir ne se limite pas au cadre familial ; elle s’élargit et peut couvrir la transmission cooptée de ce pouvoir », a-t-il insisté. Pour lui, le défi à relever réside en effet dans la manière par laquelle l’opposition doit contrecarrer cette stratégie offensive.
Le président du RCD, Mohcene Belabbes a estimé, quant à lui, que le pouvoir cherche à se repositionner à travers des changements à la tête des départements ministériels et des partis politiques à sa solde. Pour lui, ils se projettent dans l’après-Bouteflika après avoir échoué de construire un consensus entre les différents clans. Mohcene Belabbes a en outre proposé l’organisation d’une marche populaire à Alger pour le 5 octobre prochain.
Revoir la dénomination de l’Instance de coordination et de suivi de l’opposition, en lui donnant de manière consensuelle une appellation plus facile à médiatiser que celle de l’ISCO, élargir les rangs de l’opposition et l’obligation de respecter les décisions convenues collectivement, « en ce sens qu’elle est inacceptable toute participation, en sourdine ou en public, à toutes autres initiatives contraires aux objectifs de l’Isco », sont entre autres les propositions formulées par Sofiane Djilali, président de Jil Jadid, lors de son intervention.
De son côté, Abderrezak Mokri, a dressé un tableau noir de la situation actuelle et ne manquera pas de tirer la sonnette d’alarme, en montrant à travers un scénario catastrophique que la conjoncture actuelle requiert plus de persévérance de la part de l’opposition et davantage de cohésion afin d’épargner l’Algérie de ce qui se passe en Syrie et en Libye. Pour lui, voir le peuple sortir dans la rue est fort probable, en raison, dit-il, de l’échec répétitif du pouvoir et de ses politiques oppressives. « Cela pourrait être même destructif en l’absence d’une autorité nationale consciente, unie et réactive capable de gérer les situations de crise et opérer des consensus comme cela s’est passé en Tunisie », a déclaré le président du MSP. « Il est donc du devoir de l’opposition de mettre ses différences de côté et œuvrer pour l’intérêt du pays, en se rapprochant davantage du citoyen, renforçant les actions de proximité, les meetings et les marches, la communication et la sensibilisation et en lançant des concertations avec les différentes forces politiques et les organisations de la société civile », a-t-il ajouté.
Noreddine Izouaouen