Réussir ensemble

Réussir ensemble

Pourquoi attendre jusqu’à se retrouver forcé et condamné pour se décider à envisager des réformes profondes ? La promesse en avait été faite aux Algériens en avril 2011 par le président de la République. Quatre ans plus tard. Quatre ans de retard pour une économie obsolète, malgré la sonnette d’alarme qui était tirée de toutes parts. Aujourd’hui, de Sétif, où il effectue une visite d’inspection, le Premier ministre, contraint et forcé par la chute du baril, avoue que le temps est précieux et que l’endettement à l’international sera incontournable si rien n’est fait dans l’immédiat.

Il appelle donc le gouvernement, les acteurs économiques et les citoyens à “réussir ensemble”. Il faut lui  reconnaître ce courage de placer l’acteur économique au cœur des débats et enfin le considérer comme la seule bouée de sauvetage pour une économie fossilisée dans les hydrocarbures. Mais, encore une fois, entre le discours volontariste et la réalité du terrain, il y a un fossé encore difficile à combler même avec l’arrivée de textes réglementaires qui ne sont d’aucune utilité s’ils ne sont pas traduits dans les faits sur le terrain. À titre d’exemple, des instructions fermes ont été données aux walis, lors de leur dernière réunion à Alger, pour attirer les investisseurs chez eux. La plupart se sont empressés de revêtir le costume de commercial pour donner suite aux ordres du chef du gouvernement. Mais que peut la bonne volonté d’un wali quand un acte de concession devient un parcours du combattant, une zone industrielle promise, une simple chimère. La cause des blocages se niche dans des départements ministériels où chaque ministre veut tout placer sous son contrôle et sa compétence pour mieux redistribuer les facilitations, selon les accointances, d’une part et l’art de se maintenir aux commandes, d’autre part. La logique voudrait que l’on fasse preuve de discipline au sein d’une équipe en mer démontée. Ce n’est visiblement pas le cas quand certains ministres disent une chose et son contraire, contredisent un collègue et mieux parfois, le chef d’orchestre, lequel préfère tacler l’opposition et ménager son Exécutif.