Revers de fortune…

Revers de fortune…
C’est l’été. Les températures prennent une courbe ascendante. Si l’ensemble de la création glisse peu à peu dans la torpeur estivale, chez nous  ce sont les esprits qui s’échauffent. Ça en devient presque une tradition : à la veille de chaque  départ en vacances, ce sont les liens entre pouvoir et argent qui suscitent la polémique, au point de faire tressaillir la République. La fortune, aussi bien que le pouvoir fascine, dans un pays où les riches sont souvent diabolisés. Car dans un pays  qui a vécu longtemps à l’ombre du socialisme, la richesse a été souvent perçue comme le trait majeur des inégalités sociales. Il faut cependant admettre que dans ce pays, il y’a toujours eu des hommes plus égaux que d’autres et qui ne doivent leur bonne fortune qu’à un seul mérite, celui de plaire aux puissants.  Or, avoir plu aux puissants n’est pas le plus haut des mérites, comme le disait Horace. Bien qu’on ait vanté plus tard les bienfaits du capitalisme et de la libre concurrence,  la version locale de l’économie de marché, n’a pas autant fait évoluer le système de création de richesse dans un pays, où la fortune sourit bien plus souvent à ceux qui ont un talent inné pour faire la cour aux puissant à ceux doté de véritable mérite. Et dans un marché biaisé, la perception de la fortune est tout aussi tronquée. Car, le système entretient avec l’argent une relation adultérine, informelle, cachée, qu’il peine à assumer. Aussi aime-t-il le mépriser, de temps à autre, pour donner le change. Les empires ainsi bâtis, demeurent fragiles. Ils sont tributaires d’une conjoncture, d’un clan, d’une situation. Ils leur manque cette vision, cette projection qui leur permettra de passer dans la postérité. A défaut de dynasties, nous voyons émerger des géants aux pieds d’argile. Le privé national, le vrai, celui porteur de croissance, d’innovation et de richesse pour la nation, peine à trouver sa place. Il est marginalisé, relégué au second plan et écarté. Il est même vilipendé, et nanisé. On le dit incapable de rivaliser avec des entités publiques plus « légitimes » et encore moins avec ces investisseurs étrangers qui débarquent avec des solutions clé en main. Injustice dites-vous ! C’est juste la logique de rente qui prime dans un pays en mal de transparence et de contre-pouvoirs, et où la richesse d’une nation se confond avec celle d’une poignée  « d’élus ».
Melissa Roumadi-Belferag