Le projet de révision de la Constitution a été « maturé » de manière à pouvoir être présenté à la population « à une échéance que le président de la République déterminera », a affirmé, jeudi dernier, le conseiller à la présidence de la République, Kamel Rezag Bara.
Cette nouvelle constitution a pour objectif « de doter l’Algérie d’un texte qui répond à l’Algérie de demain », a-t-il déclaré dans son intervention sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale.
« L’Algérie de demain, c’est plus de libertés, plus de prérogatives pour la population dans un cadre organisé. C’est préserver les acquis tout en ouvrant de nouveaux chantiers, comme le chantier des droits et des libertés, de la séparation des pouvoirs… », a-t-il indiqué, estimant que « nous sommes arrivés à une période où la ‘‘légitimité historique’’ doit laisser sa place à la ‘‘légitimité démocratique’’ ». Pour rappel, les consultations sur le projet de révision de la Constitution se sont achevées le 8 juillet 2014. Cela fait presque une année que 150 personnalités ont été reçues par Ahmed Ouyahia, ministre d’Etat, directeur de cabinet à la présidence de la République chargé des consultations pour la révision de la Constitution. Au bout de 38 jours de consultations avec une moyenne de 4 invités par jour, Ahmed Ouyahia a reçu leurs propositions qui sont consignées dans un rapport soumis au président de la République. Depuis, beaucoup a été dit et écrit.
Des responsables politiques voyaient ce projet abandonné, d’autres ajourné. Nul n’était en mesure d’apporter des éléments de réponse sur « un dossier considéré comme étant du domaine réservé du président de la République ». Le 2 mai dernier, lors d’une conférence de presse, Amar Saâdani avait juste affirmé que « cette révision aura bel et bien lieu ». « Le Président veut une Constitution consensuelle et non un texte sur mesure », avait-il insisté, estimant que si le projet n’est pas encore libéré, c’est parce que l’opposition persiste « à tourner le dos » aux appels du Président. « Si l’opposition avait pris part aux consultations sur la nouvelle Constitution, l’Algérie aurait eu aujourd’hui une nouvelle Constitution. Malheureusement, certains partis ne sont intéressés que par le pouvoir », avait-il accusé. Deux mois auparavant, en avril, le même Saâdani et Larbi Ould Khelifa avaient été « recadrés » par Abdelkader Bensalah, qui avait tout bonnement accusé Amar Saâdani, secrétaire général du FLN, et le président de l’APN de « spéculations infondées ».
L’ALGÉRIE « REFUSE LE RÔLE DE GENDARME DANS LA RÉGION »
L’Algérie privilégie l’action diplomatique pour le règlement des conflits et refuse le rôle de « gendarme » dans la région, un principe réitéré jeudi dernier par le conseiller à la présidence de la République, Kamel Rezag Bara. L’Algérie, qui interdit à son armée « de s’aventurer sur le front extérieur », tout en « mettant sa diplomatie à la disposition des pays de la région », a fait le choix de mener une « politique différente de beaucoup de pays qui acceptent de faire un certain nombre de choses par procuration », a-t-il précisé dans son intervention sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. La raison, selon lui, est claire. « Comme nous ne voulons pas qu’on s’ingère dans nos affaires, nous nous interdisons de nous ingérer dans les affaires internes des autres pays. Nous ne voulons pas apparaître comme une puissance régionale qui veut montrer sa force ici et là. Nous voulons aider les pays de la région à trouver par le dialogue pacifique et dans le cadre de la légalité internationale les voies et les moyens par lesquels ils pourront régler leurs propres problèmes », a explicité le conseiller à la Présidence. « L’armée algérienne n’a aucune intention de s’aventurer sur les fronts extérieurs », a-t-il soutenu. « Je pense que beaucoup de pays acceptent de faire des choses par procuration. Nous ne sommes pas les gendarmes de la région », a encore soutenu Kamel Rezag Bara.