On croit savoir, de très bonnes sources, que la nouvelle Constitution va prévoir dans l’un de ses articles le poste de vice-président. Ce qui est de nature à suppléer à une éventuelle vacance du pouvoir.
Désormais affranchi de certaines pesanteurs, le président Bouteflika peut encore surprendre à travers la nouvelle Constitution. Un avant-goût a été donné quand le 1er novembre dernier, à la surprise générale, il a accédé à la principale revendication de l’opposition, à savoir la mise en place d’une instance indépendante pour la surveillance des élections. Après cette audace politique, jusqu’où ira Bouteflika et avec quelle Constitution? Etant la norme suprême de l’Etat, le législateur se doit de donner à l’Algérie une Constitution qui doit échapper aux aléas politiques et aux conjonctures.
En 50 ans d’indépendance, l’Algérie a changé à sept reprises sa Loi fondamentale, soit une Constitution, nouvelle ou amendée, presque tous les sept ans. Un luxe que même l’une des plus grandes démocraties au monde, les Etats-Unis d’Amérique, ne s’est pas permis! L’actuelle Constitution US est en vigueur depuis 1787! Une longévité qui s’explique par le fait qu’elle restitue avec fidélité les aspirations du peuple américain, un challenge auquel doit s’atteler le législateur algérien. Après la réunion de mardi dernier, une autre est annoncée aujourd’hui et la cadence s’accélère.Dans les coulisses, les tractations vont bon train, notamment sur le poste de vice-président.
On croit savoir, de très bonnes sources, que la nouvelle Constitution va prévoir dans l’un de ses articles le poste de vice-président. Ce qui est de nature à suppléer à une éventuelle vacance du pouvoir. «Ce n’est pas un ticket comme c’est le cas aux Etats-Unis d’Amérique, mais c’est le président qui nomme le vice-président», précisent nos sources.
A cette question du poste de vice-président, la nouvelle Loi fondamentale algérienne doit, pourquoi pas, s’inspirer des grandes démocraties des pays nordiques très à cheval sur les sacro-saints principes que sont les droits de l’homme et les libertés individuelles. Les dirigeants algériens ont-ils d’autre choix que celui de s’inscrire dans cette dynamique mondiale? Les temps ont changé et les pays qui bafouent les libertés, au sens large du terme, et les droits de l’homme sont rangés aux «strapontins» de l’Humanité. De plus, il ne peut en être autrement si l’on veut donner à notre Constitution un réel socle de crédibilité au plan international.
Le texte doit dessiner le rêve Algérie, une vision de l’Algérie de demain. Un rêve qui ne pourra se concrétiser sans des mesures strictes, des décisions chocs à même de redonner le goût au travail, la foi en l’Etat et la fierté du pays. Aussi, l’introduction d’un article consacrant le principe de méritocratie sera le bienvenu en ces moments de déprime nationale. Exiger une évaluation périodique et demander des comptes aux patrons des entreprises publiques devant les membres de l’Assemblée populaire nationale comme c’est le cas en France et aux Etats-Unis, n’est pas un luxe si l’on veut rétablir la confiance avec le citoyen excédé par les affaires de corruption qui meublent son quotidien.
Dans ce même chapitre, les observateurs n’excluent pas de voir un article dans cette Constitution qui réprime avec la plus grande sévérité l’atteinte aux deniers publics, aux biens et au patrimoine de l’Etat dans sa plus large acceptation. La corruption étant un mal qui gangrène profondément la République, cet article de loi serait le bienvenu de même, d’ailleurs, que le renforcement de l’article garantissant la sécurité des biens et des personnes.
Le nombre de mandats et leur durée seront un autre thème de discussion. Sur ce point, le législateur algérien est également tenu par cette exigence de consacrer l’alternance au pouvoir par la limitation des mandats à deux et probablement à une durée de cinq années. L’autre question de fond que les observateurs veulent voir consacrée par la prochaine Loi fondamentale est la séparation des pouvoirs, ou plus précisément, l’indépendance de la justice de manière à consacrer réellement un Etat de droit.
Accusée actuellement d’être un appendice du pouvoir exécutif, Dame justice gagnerait beaucoup à s’en séparer pour servir le peuple et non pas appliquer les décisions prises en haut, au nom de ce même peuple. De même que la liberté de culte et le respect des libertés individuelles contribueront à remodeler la société, la refonte profonde des mentalités et une évolution des moeurs. Un extraordinaire travail est actuellement fait par le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Mohammed Aïssa.
Le rôle de l’Armée nationale populaire, notamment le droit de poursuite des personnes ou des groupes qui porteraient atteinte à la sécurité du pays, sera également évoqué. De même que la question de l’officialisation de tamazight. Le Maroc a déjà pris une longueur d’avance sur ce plan.