Une commission ad hoc sera mise en place prochainement pour se pencher sur la définition des secteurs concernés par la levée de l’application de la règle 49/51% régissant les investissements étrangers et révisée à travers l’article 105 du Projet de loi de finances 2020 (PLF 2020). Cette commission définira également les secteurs qualifiés de stratégiques qui ne seront pas concernés par la levée de cette règle. L’on sait d’ores et déjà que celle-ci est maintenue pour le secteur des hydrocarbures et celui des finances.
Cette annonce a été faite par la ministre de l’Industrie et des Mines, Djamila Tamazirt, lors d’un exposé présenté avant-hier à la commission des finances de l’Assemblée populaire nationale (APN), sous la présidence de son président, Tarek Tridi, en présence du ministre des Relations avec le Parlement, Fethi Khouil.
Pour leur part, les membres de la commission ont salué la proposition qu’ils estiment «à même d’attirer les capitaux étrangers dans l’économie nationale, à travers les investissements directs dans les domaines et les secteurs non stratégiques».
Exposant les grandes lignes du budget et les mesures législatives proposées par son département ministériel, Mme Tamazirt a fait savoir que les éléments essentiels de son plan d’action tendaient à «renforcer l’industrie locale, favoriser l’investissement producteur et promouvoir la capacité de compétitivité des entreprises». Ils visent également la promotion de la production nationale et sa protection des importations anarchiques et du marché parallèle, tout en améliorant la capacité de compétitivité des entreprises ainsi que la qualité du produit, a-t-elle poursuivi.
Ces mesures ont pour objectif de relancer et consolider le partenariat public-privé et étranger comme étant l’un des facteurs de diversification de l’industrie nationale, d’encourager les projets industriels structurants en boostant le niveau d’intégration et de la sous-traitance dans les secteurs de priorité. Ces mesures tendent également à la valorisation des ressources naturelles et minérales, l’amélioration du climat des affaires pour booster la création des entreprises, de la croissance et des postes d’emploi, la mise en valeur des potentiels humains et la réhabilitation dans le domaine de gestion d’entreprises à travers les programmes de formation et de soutien, outre l’adaptation des législations et les règlements régissant les domaines de la qualité pour renforcer la compétitivité des entreprises.
Possible recours au financement extérieur
Entre autres mesures incitatives à l’investissement et, outre la suppression de la règle 49/51% pour les secteurs non stratégiques, la ministre a cité le possible recours au financement extérieur, notamment pour les grands projets après accord du gouvernement, ainsi que le soutien des start-up. Elle a cité, également, les mesures prises dans le cadre de l’amélioration du climat des affaires et la consécration de la décentralisation, à travers l’attribution de la qualité d’ordonnateurs secondaires aux directeurs de l’industrie et des mines, en vue de prendre en charge le programme national visant la réhabilitation des zones industrielles et la révision de l’activité des industries de montage, notamment par l’annulation des incitations douanières destinées au montage de la téléphonie mobile, l’activité se limitant uniquement à l’assemblage des kits sans apporter une véritable valeur ajoutée.
A ce titre, la ministre a souligné que «la situation difficile que vit notre économie nationale, marquée par la chute des cours du pétrole, ressource principale, nous interpelle fortement pour la mise en œuvre de l’ensemble des mesures prises par le gouvernement à l’effet d’accroître la compétitivité du secteur et jouer le rôle majeur qui lui incombe».
Débattant de ces mesures, les membres de la commission ont mis l’accent, dans leurs interventions, sur la nécessité de mettre au point une stratégie nationale pour l’exportation du ciment en excédent, d’exploiter au mieux les ressources minières et de réviser les avantages accordés aux investisseurs. Cette stratégie concerne, également, ajoutent-ils, la relance des usines publiques fermées ou privatisées dans tous les secteurs, la révision du cahier des charges des usines de montage de véhicules qui «n’ont pas respecté les clauses convenues, notamment les prix et le taux d’intégration nationale».
Pas d’importation des vieux «tacots» diesel
A ce titre, les députés se sont déclarés contre la durée de trois ans fixée pour l’importation des véhicules à essence uniquement et ont appelé à la porter à 5 ans pour inclure aussi les véhicules à moteur diesel, d’autant que ces derniers sont montés localement. Dans sa réponse, la ministre a indiqué que les véhicules diesel deviendraient plus polluants à l’environnement après des années d’utilisation, raison pour laquelle ils sont exclus de l’importation, contrairement à ceux fabriqués localement, en état neuf, ajoutant que la durée de trois ans a été étudiée sous tous ses aspects, techniques et financiers.
S’agissant du cahier des charges destiné aux usines de montage, Mme Tamazirt a affirmé que ses clauses étaient en cours de révision, indiquant que les usines ne respectant pas les clauses ne bénéficieraient pas du renouvèlement des autorisations d’importation des kits d’assemblage.
Pour ce qui est de la mise au point d’une stratégie nationale d’exportation du ciment, dont la production a atteint 40 millions de tonnes pour une consommation locale s’élevant à près de 20 millions, la ministre a fait état d’un plan de réhabilitation de trois ports nationaux en vue de permettre aux producteurs d’exporter leurs excédents, ajoutant que l’adhésion de l’Algérie à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) renforcerait, à l’avenir, les perspectives d’exportation de ce produit.
En ce qui concerne l’exploitation optimale des ressources minières, Mme Tamazirt a fait savoir que le ministère était en passe d’appliquer un programme gouvernemental au niveau national, visant l’intensification de l’exploitation des mines de phosphate, de fer, de marbre et d’or, ainsi que toute autre ressource minière à l’effet de diversifier les recettes de l’économie nationale.
Inès DALI