La révision de la politique des subventions de l’État, annoncée début juin par le Chef de l’État, se précise. Cependant, la concrétisation d’une telle démarche risque de faire face à de nombreux obstacles selon les spécialistes.
Annoncée début juin en cours par le président de la République lors d’une interview accordée à l’hebdomadaire français Le Point, la révision des subventions de l’État se précise davantage. La cartographie des revenus des citoyens, élaborée comme première étape pour cette démarche, est fin prête, selon e Directeur général de la modernisation et des documents d’archives au ministère de l’Intérieur, Mahfoudi Redouane.
En effet, « ce fichier, dont le travail avait été finalisé, devra permettre au ministère de l’Intérieur, en collaboration avec le département des finances, de recenser les revenus de chaque citoyen comme première étape de la révision des subventions de l’État afin de les rediriger vers ceux qui les méritent réellement », a annoncé le responsable au début de cette semaine.
Le marché de l’emploi informel
En revanche, la concrétisation de la révision des subventions de l’État sera confrontée à maintes difficultés, notamment le marché de l’emploi informel, qui est un facteur des plus importants à prendre en considération. Selon les chiffres officiels, cela représente 41,9% en 2019.
Étant le principal responsable du fléau, le secteur privé compte près de deux tiers de l’emploi sont dans l’informel, l’équivalent de 4 727 000 travailleurs. Interrogé dans ce sens par le quotidien Liberté, le professeur d’économie Brahim Guendouzi estime que l’informel pourra constituer un obstacle important.
D’emblée, il estime que « le coût financier de la politique des subventions des prix est énorme remettant ainsi en cause la viabilité des finances publiques », soulignant que « c’est tout le système économique qui est concerné, aussi bien les ménages que les entreprises ». Pour ce qui est du chantier de la révision des subventions, le spécialiste affirme que cela devra être assez complexe.
« La formation des prix et des revenus est influencée par le secteur informel »
Selon lui, si « l’économie formelle peut être appréhendée à travers les fichiers et les statistiques disponibles même si parfois elles manquent de fiabilité », il existe une « économie informelle » qui est « représentative d’une activité économique intense, des revenus, des disponibilités monétaires ».
À cela il ajoute le fait qu’en Algérie la formation des prix comme celle des revenus sont influencées également par le secteur informel ». Ainsi, il préconise pour la concrétisation de la révision du système des subventions « à un assainissement dans le fonctionnement des structures économiques, la refonte du système fiscal et la généralisation de la digitalisation dans les administrations publiques ».
Le professeur en économie estime donc que cela « nécessite une longue préparation ainsi que des modifications dans les schémas organisationnels de l’économie nationale », d’autant que c’est « le calcul économique et la rationalité économique qui vont carrément changer que ce soit au niveau des ménages que des entités économiques », a-t-il encore précisé.