Ce mouvement a émerveillé le monde entier de par son caractère pacifique, sa capacité à déjouer les manœuvres et son endurance à contester le système politique.
La Révolution du sourire, née le 22 février 2019, n’a pas pris une ride, malgré la répression et les arrestations massives des manifestants et des activistes politiques. Les vaines tentatives de diviser le mouvement ont, au contraire, soudé les rangs et donné lieu à une résistance telle que le peuple continue à se mobiliser chaque vendredi et chaque mardi. Malgré le caractère pacifique du mouvement, le pouvoir ne s’est pas empêché de stigmatiser les porteurs du drapeau amazigh, avant de jeter des dizaines d’entre eux en prison sous prétexte d’avoir porté atteinte à l’unité nationale.
La fermeture des routes menant vers la capitale, suivie d’arrestations de marcheurs, y compris ceux munis du drapeau national et l’empêchement de réunions et de rassemblements dans plusieurs wilayas du pays font partie du lot de manœuvres auxquelles le pouvoir s’est essayé pour étouffer la révolution.
D’ailleurs, durant les sept mois de mobilisation du hirak, le régime a tout tenté pour régénérer le système à travers des agendas électoraux maintes fois récusés par la rue. C’est le cas de la dernière entreprise du pouvoir qui a consisté en l’installation du panel pour le dialogue et la médiation pour “vendre” l’option d’une élection rejetée par la rue. Les discours du chef d’état-major et vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah se sont alors multipliés, allant jusqu’à annoncer la convocation du corps électoral pour le 15 septembre. L’élection présidentielle sera annoncée par Abdelkader Bensalah pour le 12 décembre prochain et tous les textes de loi seront promulgués l’espace d’un week-end au niveau des deux Chambres du Parlement. Sur sa lancée, le vice-ministre de la Défense nationale annonce avoir donné des instructions à la Gendarmerie nationale pour intercepter tous les moyens de transport qui pouvaient amener les manifestants vers Alger pour le 31e vendredi de mobilisation. Peine perdue ! Alger a vécu un 31e vendredi exceptionnel. Sept mois de contestation, ce qui rend le processus du changement irréversible.
La mobilisation populaire contre le système et ses symboles a arraché des acquis. Elle a permis à la société de se réapproprier les espaces publics pour exiger le départ inconditionnel du système et de ses symboles ainsi que l’organisation d’une transition démocratique en dehors du système. Le caractère pacifique qui caractérise ce mouvement est un acquis majeur, a consolidé l’adhésion de partis, associations et syndicats ainsi que de personnalités nationales de tous bords, d’activistes politiques et de toutes les catégories professionnelles.
Si ce mouvement a réussi à pousser à la démission l’ex-chef de l’État Abdelaziz Bouteflika, il n’a pas manqué aussi d’empêcher l’élection du 18 avril. Le mouvement empêchera également l’élection présidentielle du 4 juillet. Aujourd’hui il se mobilise pour faire subir le même sort à l’élection prévue pour le 12 décembre.
FARID BELGACEM