Comme à chaque début de saison hivernale, les premières précipitations mettent à nu les conséquences de la politique du bricolage à tous les niveaux. L’exemple le plus parlant, c’est l’immeuble de Bir Mourad Rais à Alger. Sa construction soulève moult interrogations.
Intervenant ce dimanche sur les ondes de la Radio nationale, le président du Club algérien des risques majeurs Abdelkrim Chelghoum dénonce le non-respect de la loi 04-20 relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable.
D’ailleurs, il estime que « si cette loi n’est pas appliquée de façon draconienne, l’Algérie va connaitre des catastrophes qu’elle ne pourra pas gérer ». À ce propos, il met l’accent sur une gestion qui devra être entamée au niveau local avant d’arriver au sommet de la pyramide de la gouvernance.
En effet, il affirme que « la mairie représente la colonne vertébrale dans l’organisation de toute prévention contre les risques majeurs, comme stipulé dans la loi 04-20 ». Or, « ce que nous vivions aujourd’hui en Algérie, ce sont les conséquences des défaillances, des carences majeures et de l’impréparation des mairies dans la gestion des risques sur leur territoire ».
Pourtant, les dernières précipitations, « qui ont paralysé 57 communes de la capitale », n’ont pas été assez diluviennes pour engendrer de tels incidents. Dans ce sens, l’invité de la Radio souligne que « les pluies saisonnières qui étaient certes fortes (environ 400 mm de précipitations en une semaine) n’étaient pas diluviennes ».
L’immeuble de Bir Mourad Rais en est le parfait exemple
La loi 04-20 avait été élaborée juste après le séisme de Boumerdès où des milliers de sites dans cette zone sinistrée ont été expertisés. Les conclusions ont montré que la cause de 80% des effondrements était le mauvais choix des sols. Or cette loi n’est pas du tout appliquée.
Au niveau de la capitale, à titre d’exemple, l’incident le plus relayé et le plus grave n’est autre que celui de l’immeuble de plus de dix étages, en cours de construction en bord de falaise à Bir Mourad Raïs et qui menace de s’effondrer depuis les dernières pluies.
À ce propos, Abdelkrim Chelghoum s’est étonné que du fait que le promoteur soit en possession de tous les documents légaux lui permettant de construire sur ce terrain. Plus loin, il explique que « si l’on se réfère à la loi 04-20, ce promoteur n’aurait pas dû obtenir de permis de construire ».
Le danger que représente cette promotion immobilière est clairement apparent. De par sa longue expérience dans ce domaine, ce spécialiste s’attend à son effondrement imminent. « Depuis 40 ans que je calcule les ouvrages et que je simule les sols, je peux vous dire que ce bâtiment ne peut pas tenir », a-t-il précisé.
Comme seule solution de son point de vue, l’invité de la Radio propose de « procéder au plus vite à son démembrement technique de façon à ne pas toucher le voisinage ». D’ailleurs, il affirme que « la loi 04-20, parue en 2004, n’a pas été appliquée », car « il lui manque encore une trentaine de textes d’application que nous avons proposés et qui sont restés lettre morte ».