Il n’est un secret pour personne que la rivalité entre les deux géants politiques de la mouvance présidentielle est bien établie. A la guerre des mots et des allusions, a succédé la bataille ouverte qui s’apparente déjà à un conflit bien installé dans la durée. Le FLN ne prend plus de gants pour défendre son point de vue. Il défend son territoire et son espace.
Il délimite ses frontières idéologiques et surtout fait bondir son identité. Le FLN de Saâdani ne se soucie plus des apparences, ne s’accommode plus des vieilles traditions, se veut outrageusement dominateur et surtout omniscient politiquement.
Ce FLN, qui tranche avec celui de son prédécesseur Belkhadem qualifié de « mou » ou de « morne » par ses propres cadres et militants, ne lâche rien et ne fait aucune concession.
Qualifié de « bulldozer », son SG veut coller cette image à son propre parti qu’il dirige depuis deux ans et demi. Il dira l’autre jour que le vieux parti est « la locomotive » et que les autres des wagons, allant jusqu’à vouloir faire croire aux observateurs que le FLN est capable « d’absorber » organiquement et politiquement la majorité des formations politiques actuelles.
Mais à cette ambition « démesurée » se heurte un autre orgueil politique, un autre parti, qui partage les mêmes alliances, les mêmes pratiques, les mêmes logiques. Sauf que ce parti, le RND, cherche lui aussi à créer « son identité », à trouver « un destin national pour lui-même et pour son chef intérimaire ». Son leader, également directeur de cabinet à la Présidence, est connu pour son style et surtout ses opinions tranchées sur de nombreuses questions nationales.
Pour les analystes, les accusations à peine voilées d’Ouyahia sur l’usage de la « chkara » (l’argent sale) lors des dernières sénatoriales visaient évidemment le parti majoritaire. Il était évident que le FLN ne pouvait laisser passer cette flèche empoisonnée, d’autant que le RND n’est guère un parangon de vertu ni un exemple de moralité ou d’exercice éthique, puisque l’épisode de la fraude massive de 1997 est encore vivace. Aucune des deux formations n’est habilitée à donner des leçons sur ces pratiques frauduleuses et immorales.
Mais la réaction prompte du FLN démontre sans aucun doute que la guerre de suprématie institutionnelle et politique a bel et bien commencé.
Non pas en perspective des législatives de 2017 ou des communales qui suivront, mais par rapport à la présidentielle de 2019. Il est utile de savoir qu’à cette date, un candidat de consensus ou indépendant, comme cela a toujours été le cas depuis l’indépendance, ne sera plus possible comme l’ont été ces derniers temps le projet de la révision constitutionnelle ou les initiatives du genre « conférence sur le consensus » ou autre.
Guerre de succession ou guerre de style politique, il est évident qu’il y a risque d’y laisser des plumes.
L’autre jour, un vieux briscard de la politique nous disait qu’il y a « manifestement un parti politique de trop dans ce schéma ». Mais lequel ?