La Première ministre du Bangladesh s’est envolée hier samedi pour l’Assemblée générale de l’ONU à New York où elle va appeler à la solidarité internationale face à l’afflux dans le sud du pays de plus de 400 000 Rohingyas fuyant la Birmanie.
En trois semaines, le sud du Bangladesh, frontalier de la Birmanie, s’est transformé en un des plus grands camps de réfugiés du monde à mesure que les réfugiés rohingyas fuient la Birmanie, entraînant une dégradation de la situation humanitaire. Et l’aide peine à se structurer.
A New York, Sheikh Hasina «va aussi appeler la communauté internationale et l’ONU à faire pression sur la Birmanie pour que soient rapatriés tous les réfugiés rohingyas chez eux», a annoncé son service de presse samedi.
L’ONU dénonce déjà une «épuration ethnique» menée par la Birmanie, dont l’armée mène une vaste opération de représailles ayant fait fuir en masse ces civils, après des attaques de rebelles rohingyas le 25 août.
A Cox Bazar, où se concentrent les réfugiés, les campements de fortune s’étendent désormais à perte de vue, selon les agences de presse sur place. Et ONU comme organisations humanitaires internationales craignent que la situation ne devienne incontrôlable.
L’exode se poursuit et a atteint samedi le seuil des 400 000 réfugiés. «Selon nos estimations, 409 000 réfugiés rohingyas sont arrivés au Bangladesh depuis le 25 août», a annoncé à l’AFP Joseph Tripua, du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU. «Les besoins sont sans fin et les gens souffrent de plus en plus», met en garde la porte-parole de l’Unicef Marixie Mercado.
Hier, samedi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a commencé à vacciner les enfants, qui représentent 60% des réfugiés, contre la rougeole et la rubéole notamment. Tous les jours, des foules impressionnantes se massent pour tenter d’attraper au vol des habits ou de la nourriture, jetée du haut de camions par des bénévoles bangladais agissant en ordre dispersé. Mais l’aide manque. Et chaque fois qu’un camion arrive pour distribuer des bouteilles d’eau, de la nourriture ou des habits, la foule, désespérée, se rue vers le véhicule. Vivian Tan, porte-parole du HCR qui s’est rendue sur place, explique à l’AFP que le gouvernement bangladais essaie désormais de structurer les points de distribution.
Les distributions anarchiques «reflètent la générosité des Bangladais, mais cela suscite des inquiétudes quant à la sécurité des réfugiés», qui risquent de se faire écraser lors des manoeuvres des camions, explique-t-elle.
Le fait que les réfugiés «sont répartis dans plusieurs endroits, camps, sites de construction sauvages ou villages, rend difficile d’accéder à eux de façon équitable», ajoute-t-elle.
L’ordre donné vendredi dernier par le gouvernement bangladais de faire entrer en scène l’armée pour organiser l’aide commençait à se concrétiser sur le terrain: l’armée doit acheminer l’aide internationale arrivant à l’aéroport de Cox Bazar et commencer à construire un nouveau camp, avec dans dix jours 14 000 abris censés pouvoir accueillir 400 000 réfugiés.
Jusqu’ici, le Bangladesh n’avait pas permis d’enregistrement systématique des réfugiés, mais, face à l’ampleur de la crise, il assouplit sa position et a commencé une campagne d’enregistrement des réfugiés, photos et empreintes digitales à l’appui.
Côté birman, ce sont quelque 30 000 bouddhistes et hindous qui ont fui leurs villages, face aux violences. L’aide humanitaire s’y organise aussi, gérée par les autorités birmanes.