Un vent de folie traverse ces derniers jours les halles et marchés aux poissons avec des hausses des tarifs jamais égalées qui ont rendu cette denrée désormais inaccessible pour les consommateurs algériens sauf à regarder les étalages de loin. Les prix y sont devenus astronomiques, synonymes de surenchère par excellence, où la sardine, considérée comme le poisson abordable pour les bourses modestes, plafonne irraisonnablement entre 400 et 600 DA le kilo. Pour les autres espèces qui flambent depuis une longue période dans un marché sous-approvisionné, les prix observent la même hausse en flèche avec des moyennes décourageantes qui vont de 1 600 à 2 000 DA le kg, alors que les crevettes battent tous les records pour atteindre les 2 700 DA le kg, chaque jour apportant sa mauvaise surprise à la grande consternation des consommateurs désemparés qui ont bien remarqué l’envolée de cet aliment.
En effet, les coûts des poissons blancs et bleus ont atteint des seuils vertigineux, au point où le citoyen ordinaire a tout bonnement éliminé de sa «table» les plats à base de ces produits de mer. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour à la poissonnerie du marché Clauzel, où le rouget, le merlan et le thon ont atteint des prix oscillant entre 1600 et 2000 DA/kg.
Une situation qui affecte le panier de la ménagère comme l’explique cette dame que nous avons rencontrée: «Il y a du poisson au marché mais c’est très cher». «Avant, il y en avait pour tous les goûts et toutes les bourses, contrairement à ces dernières années où les prix de la sardine ont pris un envol en flèche», se désole Ahmed, vendeur de poisson. Des vendeurs qui avaient l’habitude d’exposer leurs produits à des prix concurrentiels, ont estimé que cette situation les dépassait et que les citoyens boudaient le poisson en raison de la hausse des prix qui vont au-delà de leur pouvoir d’achat. Certains ont même refusé de commercialiser le poisson si la hausse venait à persister, estimant que cette augmentation ne servait ni le commerçant ni le simple citoyen.
Des clients rencontrés sur place se sont dits surpris de la flambée des prix dans ce marché connu pour être le meilleur en raison de ses prix concurrentiels. «A 600 DA/kg, la sardine n’est plus pour les familles à faible revenu», a confié une mère de famille habituée à faire ses achats dans ce marché. Au marché Ali-Mellah, la crevette est proposée à 2 700 DA alors que la sardine est vendue à 400 DA/kg pour la qualité moyenne, et à 600 DA pour la qualité supérieure. Les prix exposés au marché Ali-Mellah sont proches des prix de la pêcherie d’Alger, justifiés, selon les commerçants, par la qualité des poissons frais. Les vendeurs au marché Ali-Melah et la pêcherie d’Alger imputent la hausse des prix à la période de repos biologique, fixée pour cette année du 1er mai au 31 août. Alors que d’autres l’expliquent par le nombre élevé de revendeurs.
Les quantités de poissons pêchés passent par 3 à 4 revendeurs avant d’atteindre le marché de détail. Cependant, ces arguments ne sont pas valables, vu la hausse des prix enregistrée en d’autres périodes de l’année. En attendant, nos mers jadis poissonneuses sont devenues un mythe. Désormais, le boycott du poisson s’impose au commun des Algériens, inaccessibilité oblige.