Les deux formations qui n’envisagent pas de contracter des alliances, n’auront aucun obstacle à présenter des listes à travers les 48 wilayas et à l’émigration.
Les prochaines législatives seront marquées par un duel serré entre le FLN et le RND et un fort taux d’abstention, de l’avis de nombreux observateurs. Acquise aux deux appareils politiques (FLN et RND), la scène se prépare, encore une fois, à accueillir de rudes batailles d’influence où tous les coups seraient permis entre les deux partis.
Les deux formations qui n’envisagent pas de contracter des alliances, n’auront aucun obstacle à présenter des listes à travers les 48 wilayas et à l’émigration. Outre cet aspect de domination (FLN-RND), on observera dans certains cas, à travers plusieurs wilayas, des militants et des cadres des partis mécontents se présenteront en candidats libres, quitte à déserter les rangs de leur formation et à fouler aux pieds le concept de la discipline partisane.
Sur un autre plan, il faut dire les dissensions ont refait surface au FLN dans un contexte politique très mouvementé. Il est clair que bien des contraintes, des paradoxes et des dérives, se poseront encore au sein du FLN et du RND quand il s’agira d’élire ou de choisir les futurs candidats. Souvent dans pareils cas, la discipline partisane ne saurait être garantie par des rappels à l’ordre aussi menaçants soient-ils. Accéder au statut de député, porteur d’avantages et de privilèges ne peut que nourrir les convoitises et l’appétit de bon nombre d’acteurs engouffrés au sein des deux appareils. Saâdani, secrétaire général du FLN, tout comme Ouyahia, patron du RND et directeur de cabinet à la présidence de la République, ne cachent pas leur volonté de tout mettre en oeuvre pour rafler la majorité des sièges à pourvoir lors des prochaines législatives. Les récentes controverses et les polémiques de plus en plus récurrentes risquent de mettre en cause la crédibilité et la légitimité de la direction actuelle. La pré-campagne marquée par des discours aux relents accusateurs et tonitruants sera sans doute accentuée au fur et à mesure que ces rendez-vous électoraux approchent.
Pour les patrons des deux partis, la conquête de la majorité des sièges de la chambre basse conditionne le contrôle de l’institution, un enjeu plus important dans un proche avenir politique dominé par des spéculations et des incertitudes. Le rejet par Ahmed Ouyahia de la proposition du SG du FLN prônant la constitution d’un front national de soutien à Bouteflika, a surchargé le climat de concurrence et de malaise qui persiste entre les deux hommes, et leurs formations politiques. Un climat qui pourrait s’envenimer dans les prochaines semaines entre les deux sphères partisanes visant le même rang de «première force politique», influant dans la prochaine décision relative à la succession au pouvoir. Par ailleurs, la nouvelle loi portant Code électoral et la loi portant institution de l’Instance de surveillance des élections privilégient également les deux appareils, selon des observateurs avisés. Applicable avec effet rétroactif, l’obligation de justifier les 4% de votes engrangés lors des législatives et des locales précédentes avant de prétendre se présenter aux nouvelles élections, portera un coup fatal aux micro-partis et ceux fraîchement agréés.
Les autres partis sans ancrage social à travers le territoire national auront toutes les peines du monde à réunir les conditions requises lors de ces joutes électorales. Il en est de même des partis qui ont présenté des listes communes lors des législatives de 2012, qui s’inquiètent de leur sort car ne sachant pas de quelle manière s’appliquera la loi pour eux. Ainsi, les partis de l’opposition semblent contraints de s’engager dans les législatives puisqu’ il y va de leur survie. Si la majorité des chapelles politiques de l’opposition s’acheminent vers la participation, en revanche leurs instances habilitées à le faire, à l’image de celles du RCD, du FFS et de Talaïou El Houriet, et même des majles echoura des islamistes n’ont pas encore tranché officiellement cette question. Plusieurs partis seront contraints de se rabattre sur la collecte des signatures et des parrainages. Dans la feuille de route du régime, la redistribution des rôles sur l’échiquier politique qui se dessine, réservera la part du lion au FLN et RND, indique-t-on.
Cela en évidence affaiblira la place et le poids à l’opposition déjà effilochée. Le ton de ce duel a déjà été donné par une scène politique nationale qui s’est animée au seul rythme des discours accusateurs et des surenchères visant des positionnements et l’influence. Ahmed Ouyahia qui a devancé son rival, semble déjà impliqué dans une précampagne visant à mobiliser les troupes à travers les réseaux sociaux. Si le RND semble présenter une image d’union sacrée autour de leur ténor, Ahmed Ouyahia, malgré la menace de reprendre du poil de la bête affichée par les redresseurs, la maison FLN reste en revanche lézardée en bien des endroits, fragilisée par des conflits et des luttes intestines pour le contrôle des commandes de l’appareil FLN.