Rupture avec le Maroc : « une décision précipitée », explique Mokri

Rupture avec le Maroc : « une décision précipitée », explique Mokri

Rares sont les voix qui se sont clairement opposées à la rupture des relations diplomatiques  entre l’Algérie et le Maroc, annoncée avant-hier, lors d’une conférence de presse tenue par Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères. À la grande surprise de certains, Abderrezak Mokri, le chef du MSP, fait partie de ceux qui ne sont pas d’accord avec la décision prise par Alger.

Le premier homme du MSP, Abderrezak Mokri, via un long plaidoyer qu’il a publié sur son site web, a tenu à faire savoir qu’il est loin d’être d’accord avec la dernière décision d’Alger, annoncée par Ramtane Lamamra, lors de sa dernière sortie médiatique, ou il avait déclaré que les relations diplomatiques de l’Algérie avec le Maroc sont désormais rompues.

Mokri aurait voulu être consulté

Après un long récit ou il a accablé le Royaume Chérifien, et ou il a accusé le Makhzen de maints défauts, Mokri s’est penché ensuite sur les raisons qui le poussent à ne pas être d’accord avec la décision prise par Alger. Mokri a en effet déclaré que le Maroc « est parmi les pays arabes qui ont perdu leur souveraineté », et qu’il s’agit d’un « pays faible », dont le « système tend à impliquer l’Algérie dans le dossier du Sahara occidental » rien que pour « occuper l’opinion publique ».

Malgré le peu d’affection qu’il porte apparemment au Makhzen, Mokri trouve toutefois que « la décision de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc est une décision précipitée ». Précipitée est cette décision selon Mokri car les hautes autorités n’ont consulté personne, même pas lui. « Il fallait consulter les partenaires politique, ceux favorables au régime, mais aussi ceux de l’opposition, comme cela se fait dans les pays démocratiques quand il s’agit de dossier aussi important ». Pour Mokri, il s’agit là d’une énième preuve que « le régime politique en Algérie » ne croit pas vraiment au « partis politiques et à l’existence naturelle et utile de l’opposition ».

« Le MSP, à titre d’exemple, n’est pas un organe rattaché au gouvernement, qui doit à chaque fois soutenir et expliquer sa position », affirme Mokri, et d’ajouter que « rompre les relations avec un pays frère, quelle que soit l’agressivité de son régime envers notre pays, n’est pas une simple affaire, et il est arrivé que des pays en soient en état de guerre, sans qu’ils aient à rompre pour autant leurs relations, laissant place à la diplomatie ».

Pourquoi pas une rupture avec la France ?

Mokri s’est interrogé sur les véritables raisons qui ont poussé l’Algérie à rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc. Selon lui, « si la cause directe de la rupture des relations est le MAK, alors la France héberge la tête de cette organisation et lui assure la protection et le soutien…., et si la véritable raison en est la normalisation officielle avec l’entité sioniste alors les émirats en est le parrain parmi les pays arabes…, en plus, ajoute toujours Mokri, le plus grand parrain (du sionisme) en Afrique est bel et bien la France ».

Selon Mokri, « nos plus grands malheurs culturels et économiques nous viennes toujours de la France et de ses lobbys ». Le chef du MSP est également revenu sur le slogan scandé durant le Hirak « Makanch lKhamsa Ya Wled Fransa », ( pas de cinquième mandat enfants de la France), tout en insistant sur le fait que c’est la preuve que le peuple veut en finir avec ce pays.

Pour Mokri enfin, L’Algérie aurait pu être le pilote d’une forte union maghrébine, ce qui aurait empêché le Maroc de dériver sur la pente de la normalisation avec Israël. Mokri déplore que ce ne fut pas le cas, et indique que la solution à cette crise demeure dans le dialogue et dans « la renaissance de l’Algérie sur tous les fronts, notamment ceux économiques et diplomatiques, et dans le renforcement du front populaire sur la base d’une véritable démocratie ».