Russie: le baromètre de la corruption bat des records

Russie: le baromètre de la corruption bat des records

90% des citoyens russes estiment que la corruption constitue actuellement un défi sérieux pour l’Etat, écrit mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les Russes soulignent également l’inefficacité des mesures gouvernementales de lutte contre ce fléau. Qui plus est, les organes de pouvoir, la police et le système juridique provoquent une méfiance particulière des citoyens. Telles sont les conclusions de la récente étude intitulée Baromètre mondial de la corruption, menée par Transparency International.

Transparency International, mouvement international de lutte contre la corruption, a publié lundi son nouveau Baromètre mondial de la corruption (Global corruption barometer), l’étude la plus importante de l’attitude des citoyens de divers pays envers ce phénomène et de leur opinion sur la corruption dans l’économie et la société. Anton Pominov, directeur adjoint du centre Transparency International Russie, et Iouli Nisnevitch, membre de la direction du centre et professeur du Haut collège d’économie, ont présenté à Moscou les données concernant la Russie.

La conclusion principale du baromètre russe réside dans le fait que les citoyens ont perdu toute confiance dans la campagne gouvernementale anti-corruption : seulement 5% des personnes sondées considèrent que les efforts de l’Etat et de la police en ce sens sont efficaces. En 2010, quand Transparency International avait publié sa précédente étude, ils étaient 24%. Les auteurs indiquent que la série de scandales liés à la corruption au sein du ministère de la Défense n’a pas convaincu les Russes de la volonté sincère des autorités de mettre de l’ordre.

Ce résultat est peu surprenant : 80% des personnes sondées affirment que l’Etat est contrôlé par des groupes agissant dans leurs propres intérêts. Aucun secteur n’est actuellement moins corrompu qu’avant. La perception de la corruption des entreprises et des organisations non gouvernementales a quant à elle augmenté d’une manière moins significative (+0,2 sur 5 points). Les organisations religieuses bénéficient d’une confiance nettement plus importante : un tiers des Russes estime que la corruption dans ce domaine est de fait absente ou très limitée. Selon Anton Pominov, l’étude montre que les groupes les plus corrompus sont les fonctionnaires (4,6 points avec 0 pour très bien et 5 pour mauvais), la police (4,5 points), le système juridique (4,4 points), le pouvoir législatif (4,3 points), les partis politiques (4,2 points), la santé publique (4,1 points) et l’éducation (4 points).

« Les gens font de plus en plus confiance à leurs propres forces dans le contexte d’une crise sérieuse de confiance envers le système politique, la gestion gouvernementale et le système juridique y compris en ce qui concerne leur lutte contre la corruption », remarquent les auteurs de l’étude. D’après le sondage, 45% des Russes estiment que leur voix est importante et 86% sont prêts à dénoncer un acte de corruption. A titre de comparaison, en 2010 cette résolution n’était caractéristique que de 52% des personnes sondées.

Transparency International a également présenté des recommandations pour lutter contre la corruption en Russie. Elles prévoient de mettre en pratique le principe de la punition inévitable et de l’égalité de tous les citoyens devant la loi, ce qui assurerait une responsabilité totale et égalitaire pour faits de corruption, notamment des fonctionnaires du niveau le plus élevé. L’ONG suggère également d’établir une responsabilité pénale ou administrative pour l’enrichissement illégitime et d’effectuer publiquement l’audit de gestion et financier des secteurs les plus corrompus avec le concours d’experts indépendants et de la société civile.

Les auteurs concluent que l’Etat et la société russes paient cher la faible efficacité des mesures gouvernementales contre la corruption.