Le ministère saoudien des Affaires étrangères vient de demander aux les ministères de l’Industrie et du Commerce ainsi que le Conseil de la monnaie saoudienne, de faire preuve de « vigilance » dans les transactions financières avec onze pays, dont l’Algérie, afin de « parer aux risques d’implication dans des affaires de blanchiment d’argent ou de financement de terrorisme ».
C’est ce qu’a rapporté journal saoudien Mekka dans son édition du dimanche dernier qui affirme détenir une copie d’un document du ministère des affaires étrangères.
Les autorités saoudiennes reprochent à l’Algérie, l’Équateur, l’Éthiopie, l’Indonésie, Myanmar, le Pakistan, la Syrie, la Turquie et le Yémen de « ne pas avoir présenté des garanties quant manquent constatées dans les mesures de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme », écrit le quotidien.
Ryad reproche aussi à ces pays de ne pas respecter leurs engagements dans le cadre du Groupe d’action financière contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (Gafi). Le rapport cite aussi l’Iran et la Corée du Nord sur sa liste de pays « se refusant à toute coopération » dans la lutte contre ces deux fléaux.
Par ailleurs, dans sa directive adressée aux institutions concernées, le ministère des Affaires étrangères saoudien dicte huit mesures à « appliquer strictement » dans leurs relations financières avec les onze pays cités, dont principalement le « durcissement des conditions d’identification des clients, afin de connaître l’identité du véritable bénéficiaire, avant toute transaction avec les personnes physiques ou morales dans les pays qui présentent une faiblesse dans leurs dispositifs ou n’appliquant pas les recommandations du Gafi contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ».
Le ministère saoudien recommande également à ses correspondants de « se conformer scrupuleusement aux notes d’avertissement établies par le Gafi, aux résolutions du Conseil de sécurité ou de la commission chargée de l’application du chapitre VII de la Charte des Nations unies en la matière ».
Le rapport indique, en substance que ce nouveau dispositif a été transmis par le secrétariat du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Suite à la lettre du ministère des affaires étrangères, le ministère saoudien de l’industrie a demandé aux opérateurs économiques de se conformer aux huit directives fixées par le gouvernement dans la lutte contre le blanchiment d’argent.
Il est ainsi exigé des opérateurs saoudiens de vérifier la nature des entreprises et personnes avec lesquelles est établie une relation commerciale, identifier au cas par cas le type de risques encourues en rapport avec les mesures exigées par le GAFI, de se conformer aux mises en gardes et rapports publiés par le CCG en matière de transactions commerciales, établir des mises à jours sur le niveau d’engagement de chaque partenaire ou operateurs des pays cités dans la lutte contre le blanchiment d’argent, identifier la nature des transactions et la finalité pour laquelle elles sont été conclues, informer les autorités du pays au sujet de tout nouveau partenariat ou relation commerciales établi un opérateur d’un des pays cités, alerter les autorités de toute information ou transaction suspecte et consulter les périodiquement les sites internet des opérateurs des pays cités en vue de constater s’ils ont adopté les mesures décidées par la communauté internationale engagements dans la lutte contre le blanchiment d’argent.
Contactée par le jeune indépendant, une source responsable à l’annexe du ministère saoudien des affaires étrangères à Dammam a indiqué que cette directive est destinée contre les entreprises privées qui n’ont pas une assise juridique bancaire claires et dont les transactions sont souvent non conformes à la règlementation », précisant que les entreprises publique ne sont pas concernées, a-t-il dit. « Le CCG ne peut quand même pas suspecter une société algérienne de la taille de Sonatrach », a-t-il ajouté.
Il convient de rappeler que depuis 1989, l’Algérie a signé 22 résolutions et mesures internationales de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme y compris la déclaration du millénaire. Recemment, le parlement a a dopté le projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. En octobre 2014 à Paris, le Groupe d’action financière (Gafi) a porté l’Algérie sur la liste des États, dont la législation ne répond pas aux normes.
L’Algérie n’a pas accompli de progrès suffisants en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et n’a pas fait l’effort d’apporter une amélioration, avait à ce titre indiqué le Gafi, estimant qu’en dépit de son engagement politique de haut niveau à travailler avec l’Organisation, afin de remédier à ses lacunes stratégiques. Pour le Gafi, l’Algérie demeure un -État, dont « les juridictions sont susceptibles de constituer un risque pour le système financier international ».