Le tribunal de Blida
Dans la salle, tout le monde espère que les prochaines audiences apporteront plus d’éléments nouveaux et ce, avant d’entrer dans les plaidoiries et les délibérations.
Le procès Khalifa suit son cours sur un rythme effréné des auditions. Cette 22e journée a été marquée par l’absence de deux témoins importants en la personne de Abdelmadjid Tebboune, actuel ministre de l’Habitat, et Nourredine Bouterfa, P-DG du groupe public Sonelgaz. Le juge Antar avait cité ces deux témoins en début d’audience, et précisera qu’ils seront attendus dans la journée. Par contre, dans la salle, les langues se délient pour expliquer leur absence.
En outre, le défilé interminable et presque identique de la liste des témoins avait plongé l’assistance dans une fatigue extrême.
Dans la salle, la fatigue et l’impatience semblent faire bon ménage, en attendant de voir arriver à la barre, des noms connus tels que Bouguerra Soltani et Sidi Saïd, prévus pour aujourd’hui, ou encore Mohamed Raouraoua, président de la FAF, Moh Chérif Hannachi, président du club de la JSK, et Lakhdar Belloumi, ancien footballeur, cités en tant que témoins pour la fin de la semaine.
Entre-temps, à la barre, le juge Antar accueille en première audition Taleb Belaïd directeur général des minoteries des Bibans, pour s’expliquer sur le dépôt de 100 millions de dinars à El Khalifa Bank, avec un taux d’intérêt de 10%.
Il explique que devant le recul des taux d’intérêts pratiqués par les banques publiques, il était tout à fait logique de faire des placements plus avantageux. Il précisera qu’il n’avait reçu aucun avantage d’El Khalifa Bank, et indiquera que la conseil d’administration était avisé de cette opération. Sur le même argumentaire Lakhdar Yessa, directeur de l’agence foncière de Batna, justifiera également le dépôt de 60 millions de dinars à El Khalifa Bank à 9%, par la chute des taux d’intérêts du CPA, qui sont descendus de 18% progressivement jusqu’à 1%.
Il est clair que cette opération a été signalée au conseil d’administration. Il précisera que plusieurs tentatives de retrait de ces avoirs avaient échoué auprès d’El Khalifa Bank. Le défilé se poursuit par l’arrivée à la barre de Mabrouk Kouari, directeur de la Brasserie de Annaba, qui présente le même scénario. Son entreprise avait opté pour un dépôt à terme de l’ordre de 300 millions de dinars, avec un taux d’intérêt de 10,5%. Il affirme avoir tenté de récupérer cette somme, mais les retraits avaient été limités par l’administrateur à 600.000 DA.
Pour le directeur général de la CNR, celui-ci avoue que la décision de déposer 12 milliards de dinars à El Khalifa Bank, n’avait pas respecté le délai réglementaire de 30 jours, après avoir informé le conseil d’administration. Ceci étant, il indiquera que sur cette somme globale, 8 milliards ont été récupérés.
D’un autre côté, Tahar Souissi, directeur général de l’Opgi de Aïn Defla, allonge cette liste avec un dépôt de 200 millions de dinars à El Khalifa Bank.
A cela, le procureur général interroge le témoin sur l’absence de traces de ces dépôts sur les bilans de fin d’année, aucune réponse n’a été donnée par le témoin.
A son tour, Boussad Drider, cadre à l’inspection des impôts de Chéraga indiquera que le contrôle fiscal effectué au sein d’El Khalifa Bank, démontrait que les premières années de cette banque étaient négatives, présentaient un déficit, et faisaient état d’un endettement à hauteur de 3 milliards de dinars.
Parmi les témoins qui se sont présentés à la barre, on remarquera le témoignage d’un chauffeur, celui de la CNR d’Oum El Bouaghi, qui confirme avoir récupéré pour le compte de son entreprise trois véhicules Toyota du concessionnaire de Hussein Dey, et de les avoir acheminés jusqu’à Oum El Bouaghi.
Par ailleurs, le témoignage de Mourad Zeriati, directeur général de la filiale de Sonatrach pour l’architecture et la construction, sera l’exception qui allait confirmer la règle. il sera le seul témoin à dire que son entreprise n’avait pas déposé de fonds chez El Khalifa Bank.
Malgré l’insistance du procureur général sur d’éventuelles directives qu’il aurait reçues de sa direction pour éviter de déposer des fonds à El Khalifa Bank, le témoin maintient que la décision avait été prise sur la base de l’orientation sur le volet investissement, et qu’à ce titre, les fonds de l’entreprise devaient impérativement servir l’investissement. Pour lui, il aurait été non professionnel de procéder à des dépôts à terme, qu’on aborde au plan d’investissement.
A ce stade du procès, et devant la monotonie et la répétition qui auront marqué les journées précédentes, dans le box des accusés, on peut aisément se rendre compte de la lassitude de ses occupants.
Pour sa part, Abdelmoumène fait ce qu’il peut pour passer le temps. On peut l’apercevoir piquer un somme entre deux témoignages.
Dans la salle, tout le monde espère que les prochaines audiences apporteront plus d’éléments importants dans le procès et ce, avant d’entrer dans les plaidoiries et les délibérations.