Liberté : Le CSA a appelé à une marche nationale à Alger demain. Quel message veut transmettre votre organisation au peuple algérien ?
Sadek Dziri : La fête du 1er Mai, Journée internationale des travailleurs intervient, cette année, dans un contexte particulier, en Algérie. Il s’agit de l’exemplaire révolution pacifique du peuple algérien. Ainsi, le hasard a voulu que la Confédération des syndicats algériens (CSA), créée en novembre 2018, célèbre pour la première fois le 1er Mai dans ce contexte particulier. D’où nous avons appelé à une marche nationale pour joindre notre voix à celle du peuple avec qui nous partageons le même combat. Soutenir les revendications du peuple est un devoir national. La CSA regroupe 13 syndicats autonomes qui représentent une moyenne de 500 000 travailleurs dans différents secteurs. Mais notre appel à la marche est adressé à l’ensemble des travailleurs désireux de prendre part à notre marche demain à Alger à partir de 10h. L’itinéraire de la marche est prévu entre la place du 1er Mai et la Grande-Poste.
Ce n’est donc pas pour porter les revendications socioprofessionnelles des travailleurs…
Absolument pas. Dans le contexte actuel, les revendications socioprofessionnelles ne peuvent être satisfaites par un gouvernement et le pouvoir en général, que le peuple ne reconnaît pas. Nous avons foi que les revendications socioprofessionnelles aboutiront dans une Algérie libre et dans le cadre d’un État de droit et de justice sociale auquel nous aspirons. Les revendications des travailleurs seront progressivement satisfaites mais dans une Algérie nouvelle. Donc, demain nous allons marcher pour scander les mêmes slogans que ceux du mouvement populaire. Nous allons ainsi, réclamer, comme le reste du peuple, le départ de tous les responsables actuels et le changement du système. Comme le peuple, nous rejetons également les élections annoncées par le pouvoir pour le 4 juillet prochain. Dans le cas où le pouvoir ne renoncerait pas à sa feuille de route, nous allons, inévitablement, appeler au boycott de ces élections. Pour nous, à la CSA, la priorité est la désignation d’une instance et d’un gouvernement de transition.
Quelle est votre position par rapport à la crise qui secoue actuellement l’UGTA ?
En tant que syndicalistes, nous souhaitons que nos camarades syndicalistes indépendants de l’UGTA, et nous savons que ceux-là existent, puissent libérer cette Centrale syndicale de sa dépendance de l’administration et du pouvoir. Car, pour nous, aujourd’hui, l’UGTA n’est qu’un appareil au service du pouvoir exécutif. Donc, nous ne serions que contents de la voir arrachée des mains du pouvoir pour redevenir le syndicat qu’elle avait été par le passé, et recouvrer, du coup, sa mission première qui consiste à défendre les intérêts des travailleurs. Et en tant que défenseurs du pluralisme syndical, nous serions aussi contents que l’UGTA vienne renforcer le paysage syndical. La multiplication d’organisations et même de centrales syndicales ne ferait que le bonheur des travailleurs algériens dont le nombre atteint, aujourd’hui, plus de 12,5 millions, et ce, sans compter les employés non déclarés.
F.A