Le Maroc demeure en violation d’une série de résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU en empêchant le peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination, a affirmé l’universitaire américain, Stephen Zunes.
Ce spécialiste du Moyen-Orient et membre du réseau « Foreign Policy in Focus » a livré à l’occasion de la conférence sur la décolonisation de l’ONU, un témoignage objectif dans lequel il a pu à force d’arguments prouver que les revendications territoriales du Maroc au Sahara occidental ne sont pas fondées.
« Le Royaume du Maroc demeure en violation d’une série de résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU qui appellent le gouvernement marocain à permettre au peuple sahraoui de déterminer son propre avenir », a indiqué ce professeur de sciences politiques à l’Université de San Fransisco.
« Au lieu de cela, le gouvernement marocain et ses alliés ont fait pression pour un soi-disant plan d’autonomie (à) Cette proposition est bien en deçà de ce qui est nécessaire pour parvenir à un règlement pacifique du conflit », a-t-il soutenu, expliquant que ce plan « crée un précédent dangereux qui menace les fondements mêmes du système juridique international de l’après seconde Guerre mondiale ».
L’universitaire américain a précisé que l’acceptation de ce plan revient à approuver l’expansion territoriale d’un pays par l’usage de la force militaire, en ajoutant que le conflit du Sahara occidental « est un cas clair d’autodétermination d’un peuple luttant contre une occupation militaire étrangère ».
Le politologue a affirmé que le Maroc n’allait pas tenir sa promesse d’accorder « une véritable autonomie » au peuple sahraoui vu qu’il avait rompu plusieurs autres promesses auparavant. Le démantèlement de la Minurso, est à ce titre, un acte illustratif qui a démontré que le Maroc a failli aux obligations liées à son engagement de maintenir cette mission chargée de préparer le référendum d’autodétermination, a-t-il rappelé.
Selon cet universitaire, le Maroc a « réussi à échapper à ses obligations juridiques internationales pendant plus de quatre décennies grâce au soutien de la France et celui de certaines administrations américaines ».
Le soutien de ces pays a empêché « le Conseil de sécurité d’imposer des sanctions ou d’autres leviers appropriés pour forcer le régime marocain à respecter les mandats de l’ONU », a-t-il ajouté.
« Une lecture attentive de la proposition soulève également des questions quant au niveau d’autonomie qui sera offert au peuple sahraoui. Les questions importantes telles que l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental et l’application des lois restent ambiguës », selon cet universitaire.
« Le Maroc a colonisé illégalement le Sahara occidental en installant des dizaines de milliers de colons dans ces territoires, exactement comme a fait Israël en Cisjordanie et au Plateau du Golan », a relevé Stephen Zunes.
Et d’ajouter que « le transfert d’une population civile d’un pays vers des terres saisies par l’usage de la force militaire est une violation flagrante de la quatrième Convention de Genève ».
La situation des droits de l’homme au Sahara occidental constitue « une autre raison pour se méfier du plan d’autonomie proposé par le Maroc », a-t-il tenu à souligner.
Dans ces territoires occupés, « tout sentiment nationaliste ou protestation est brutalement réprimé », a dénoncé cet universitaire.
« J’ai visité plus de soixante-dix pays mais je n’ai jamais vu un état policier pire » que celui du Maroc, a poursuivi M. Zunes, citant un rapport de l’ONG américaine Freedom House qui a « classé la situation des droits de l’homme au Sahara occidental comme l’une des pires au monde ».
Stephen Zunes a constaté, par ailleurs, que les initiatives des partisans du droit international visant à arrêter l’exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental doivent avoir plus d’impact en France et aux Etats-Unis, deux pays « responsables de l’échec de l’ONU à faire appliquer ses résolutions relatives au conflit ».
« Si la communauté internationale ne peut pas faire respecter le droit fondamental à l’autodétermination, comment peut-elle défendre avec succès d’autres droits de l’homme? Les enjeux ne portent pas simplement sur l’avenir d’un pays, mais aussi sur la question de savoir quel principe va prévaloir au 21eme siècle: le droit à l’autodétermination, ou le droit de conquête? », s’est interrogé Stephen Zunes.