L’islamologue Saïd Djabelkhir revient sur plusieurs points liés aux écrits et publications pour lesquels il avait été poursuivi et même condamné à trois ans de prison ferme sans dépôt.
Le 22 avril dernier, le tribunal Sidi M’hamed à Alger avait prononcé la peine de trois ans de prison ferme sans dépôt, assortie d’une amende de 50 000 DA, à l’encontre de Saïd Djabelkhir pour « atteinte aux préceptes de l’Islam ». Il a été poursuivi par un enseignant universitaire de Sidi-Bel-Abbès.
Le condamné et ses avocats ont aussitôt affirmé qu’ils comptent faire appel au jugement et iront jusqu’en cassation si nécessaire, dans l’espoir d’avoir un jugement plus « rationnel et équitable ».
Dans un entretien accordé hier vendredi au journal Le Monde, l’islamologue précise que l’enseignant qu’il l’a poursuivi en justice, soutenu dans sa démarche par six avocats qui se sont constitués partie civile, « affirme que plusieurs de mes publications l’ont offensé ». Donc en somme, « on me reproche « de faire mon travail et de dire ce que je pense ».
« Tout ce que j’avance est sourcé »
Et c’est ainsi que l’islamologue revient sur les principaux écrits qui ont suscité l’ire du plaignant affirmant qu’il ne donnait que son avis en s’appuyant « sur des sources scripturaires ». « Tout ce que j’avance est sourcé », a-t-il, en effet, réitéré.
À titre d’exemple de ce qu’il avance comme pensée, le spécialiste en soufisme cite « certains rituels et certaines pratiques existaient avant l’islam, comme les pèlerinages ». Selon lui, cela « se pratiquait dans un cadre païen ». Et encore une fois, il tient à préciser que ce n’est pas lui qui l’affirme indiquant que c’est mentionné dans le Coran et de nombreux commentateurs, actuels ou anciens, l’ont dit avant moi ».
Il ajoute également comme autre exemple le fait « de nier la parole du prophète, car je considère que certains ne sont pas recevables aujourd’hui ». Ici encore, l’islamologue souligne qu’il « existe depuis le premier siècle de l’Hégire des érudits qui rejettent certains hadiths quand d’autres les acceptent ».
« Le tribunal n’est pas un lieu où l’on débat de religion »
Revenant sur son procès, Saïd Djabelkhir a estimé que « le tribunal n’est pas un lieu où l’on débat de religion ». Et il affirme qu’il ne comprend toujours « pas les raisons qui ont conduit le tribunal à me condamner », avant de rétorquer que « le but des plaignants est de museler l’expression libre, d’intimider et de faire un exemple ».
Le spécialiste du Soufisme constate, par ailleurs, « le retour en force du salafisme en Algérie ces derniers temps ». Pour lui, « c’est un discours qui se répand de plus en plus dans les médias, à la télévision, dans la rue, sur les réseaux sociaux… ». À ce propos, il estime que « c’est l’une des conséquences de la décennie noire, clôturée par la concorde civile et la réconciliation nationale ».