Les chemins inutiles de l’auteur Saïd Oussad révèle un vécu de la période tragique à travers une écriture sociologique véhiculée par une lecture concrète des événements ayant marqué de leurs empreintes indélébiles cet intervalle chaotique. L’auteur se défend ainsi d’écrire pour seulement écrire mais a essayé de romancer car, selon lui, “on n’écrit pas à proprement dire, mais pour rédiger plutôt un acte de naissance ou de décès”. Se pliant aux questions de ses nombreux admirateurs, universitaires et journalistes, Saïd Oussad parle franchement d’une période “difficile car vécue”.
Le vécu semble ainsi traduire toute l’entreprise de l’auteur qui a avoué qu’il “était très difficile de revenir sur une période aussi pénible”. Pour lui, le roman c’est un peu exorciser le syndrome de l’ancien combattant. A côté de l’auteur, Denis Pryen, directeur aux éditions L’Harmattan, qui a assisté à la vente-dédicace à la librairie Art et Culture à Oran, donne, quant à lui, une lecture élémentaire en rappelant les déchirements de 1961-1962, s’arcboutant sans doute sur les étapes politiques désastreuses ayant conduit à ces événements tragiques pré et postindépendance. Les blessures encore béantes de ces périodes nous rappellent à chaque fois à l’ordre.
Saïd Oussad aura le mot judicieux pour dire qu’il ne fait par le procès de cette période, mais renvoie à “l’état d’esprit des journalistes qui ont couvert l’événement”. Un livre tue ou fait revivre, comme le dira Saïd Oussad qui retrace les cheminements délétères qui le conduiront immanquablement sur les chemins tortueux du chef d’un groupe armé pour l’interviewer. Une écriture corrosive, crue et révoltée dévoile le recul qu’aura pris l’auteur par rapport à l’événement. “Je ne suis pas un écrivain de l’urgence (car) j’ai pris du repli vu que je ne pouvais pas écrire durant cette période.
J’ai ainsi pris mon temps sans donner mon avis et apporter mon témoignage sur la souffrance des gens, tout en levant le voile sur cette période même après 20 ans”, assure-t-il. On lit Les chemins inutiles d’un trait, car il vous projette dans le réalisme du “danger et du sang” à travers les chemins de l’inconnu. Un livre à lire absolument.
K. R-I