“Le contrat sur l’avenir du peuple algérien est bel et bien à l’œuvre. La menace sur la nation est violente, concrète et immédiate”. La conviction de l’ancien président du RCD, Saïd Sadi, est que le chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, est plus que jamais décidé à faire un passage en force en imposant à la nation une élection présidentielle au terme de laquelle le pays aura un “proconsul tenu en laisse par le commandement militaire”.“Du côté du pouvoir, il y a une détermination farouche à décider du destin d’un peuple par-dessus et contre sa volonté.
Selon l’armée, l’élection présidentielle qui accouchera d’un futur proconsul tenu en laisse par le commandement militaire sera organisée contre vents et marées. Le système sera régénéré et la transition démocratique exigée par le peuple vouée aux gémonies”, a-t-il écrit dans une contribution publiée jeudi 12 septembre 2019 sur sa page Facebook.
La raison d’un tel raidissement ? Se basant sur des indicateurs comme “les écrits d’organes pro-pouvoir et les fuites qui suintent du sérail”, Sadi a décelé chez les décideurs cette conviction que “la révolution commence à refluer” sauf à Alger et en Kabylie. Il estime que “la machine infernale est bel et bien lancée et l’erreur, fatale pour le coup, serait d’en sous-estimer les conséquences”.
Qu’en est-il des analyses évoquant des divergences au sommet du pouvoir ? De la spéculation, à ses yeux.“On ne verrouille pas avec autant de fermeté népotique et de célérité les instances militaro-sécuritaires si l’on n’a pas pris la résolution d’en user et, au besoin, d’en abuser le moment venu.
On ne ferme pas la scène politique et médiatique avec autant de brutalité si l’on n’est pas déterminé à museler la société”, a-t-il argumenté. Et de s’expliquer davantage : “La stigmatisation de la Kabylie est toujours un signe avant-coureur des grands raidissements précédant les options autocratiques.
Avec les emprisonnements illégaux de porteurs de drapeaux amazighs, les arrestations opérées ce mercredi dans les rangs des militants indépendantistes manifestant pacifiquement, les indicateurs classiques des choix stratégiques lourds du pouvoir algérien apparaissent dans toute leur nudité. L’enlèvement du responsable de l’UDS, Karim Tabbou, ce mercredi, vient ouvrir les yeux à ceux qui ne voulaient pas voir.”
S’il s’est félicité des avancées réalisées jusqu’ici et de “l’assainissement politique de la société algérienne” par la révolution du sourire, Saïd Sadi ne pense pas moins que “le curseur des luttes pacifiques aura à être mis à un niveau plus exigeant”. “Le peuple algérien est appelé à démontrer qu’il peut et veut assumer le risque démocratique.
Cette légitime ambition doit devenir un objectif politique avec tout ce que cela implique comme adaptations”, a-t-il estimé. Concrètement, il remet à nouveau sur la table sa proposition de la structuration du mouvement. “Le mouvement doit rapidement faire émerger des délégués de sa base et se doter de cadres dont il reste à définir les modèles et les fonctions.
Cela devient un impératif de survie”, a-t-il estimé, en recommandant à ce que “le logiciel de la révolution soit reconfiguré sur le mode citoyen et uniquement citoyen”. Et de conclure : “Le choix est finalement simple. Être à la hauteur de l’Histoire ou revenir à la rugosité du despotisme primaire (…) L’espoir est encore permis mais le temps nous est compté.”
Arab Chih