C’est la rentrée sociale. L’heure est au bilan après une saison estivale que d’aucuns ont qualifiée de «chaotique».
Jamais la région de Béjaïa n’a connu une saison aussi lamentable et sur tous les plans. Le constat d’échec est partagé par tous, aussi bien les opérateurs économiques que les habitants et leurs hôtes et les raisons sont multiples. Alors que tout le monde pensait à un renouveau en matière de gestion, voilà que pour la première surprise on assiste au lancement de gros travaux d’assainissement et de réfection de conduites d’AEP au centre-ville de Béjaïa. Une fausse note qui coïncide avec le coup d’envoi de la saison estivale. Si au départ on prenait les choses avec philosophie, la densité des travaux et leurs conséquences commençaient à irriter sérieusement les riverains puis les habitants et les estivants. S’il est vrai que la réfection des canalisations souterraines est un impératif imposé par le problème des inondations que connaît la ville de Béjaïa pratiquement chaque hiver, il reste que la conjoncture de début de saison estivale ne convient pas.
La non-remise en état de la chaussée, les tranchées et les avaloirs laissés ouverts et sans sécurisation ont fini par provoquer le courroux des habitants, qui s’estiment en droit de réclamer l’accélération des travaux et la remise en l’état de la chaussée, restée jusqu’à cette rentrée sociale sans réfection. La route des Aurès et la route vers le quartier Sidi Ahmed sont devenues excavées, trottoirs défoncés, trous béants rendant la circulation piétonnière et automobile infernale. Et ce ne sont pas les gens qui vont nous contredire. Entre les piétons et les automobilistes, le constat est le même, la ville est un chantier qui ne se termine pas, pénalisant également les commerçants, propriétaires de fast-foods, de restaurants et de cafés, dont les activités commerciales ont été pénalisées à cause de la poussière. Partout ailleurs dans la ville, les chaussées ne sont pas remises en état à la fin des travaux. Les caniveaux ouverts, des matériaux de construction déposés sur les trottoirs sont toujours là.
Les autorités qui n’ont pas cessé de ronronner les dispositions d’accueil comme exemple n’ont fait que provoquer au contraire colère et courroux de tout le monde. «Jamais la wilaya de Béjaïa n’a eu à lancer autant de chantiers à la fois», fait remarquer ce citoyen à la fois désabusé et enthousiaste. Des chantiers dont la plupart avaient été inscrits depuis des années. Là aussi, on veut tellement faire vite que tout tombe à l’eau. La pénétrante autoroutière, dont on a tellement parlé au point d’oublier le projet du CHU, le dédoublement de la voie ferrée, ne sera pas opérationnelle dans les délais requis. L’inauguration des projets structurants demeure un simple effet d’annonce qui ne trouvera certainement pas de concrétisation dans le délai.
Le constat d’échec n’est pas propre à la ville du chef-lieu. Partout ailleurs sur les plages de la côte Est et Ouest, la dégradation était similaire et illustrait un nouvel état d’esprit assez inquiétant. Les parkings n’ont pas été gratuits à Béjaïa et ont été plus chers que l’année dernière. Il ne suffit finalement pas d’annoncer leur gratuité, mais ne faut-il pas pour autant savoir l’appliquer? Ce touriste installé dans un hôtel de la ville de Béjaïa ne savait pas encore ce qui l’attendait sur les plages.
Les plages gratuites n’étaient qu’un rêve qui n’a que peu duré pour céder la place à une réalité, déjà en vigueur l’an dernier, rééditée encore une fois cette année avec cette absence de l’autorité de l’Etat qui se fait beaucoup sentir. Des individus s’autoproclament propriétaires d’un trottoir, d’une plage, imposent leurs prix aux automobilistes et aux baigneurs. Et gare à ceux qui refusent! Insultes, agressions physiques, renvoi, la liste des actes de ces parcmètres humains est impressionnante. Les rues et les plages sont devenues leur propriété personnelle qu’ils se partagent. Béjaïa a connu sa pire saison estivale. Une saison à oublier autant pour les habitants, les opérateurs que pour les estivants, repartis déçus par des conditions d’accueil qui nécessitent d’être revues de fond en comble pour donner l’occasion à cette ville touristique de redorer son blason.