Salah Dabouz, avocat et militant des droits de l’Homme : « Je n’arrêterai pas ma grève de la faim »

Salah Dabouz, avocat et militant des droits de l’Homme : « Je n’arrêterai pas ma grève de la faim »

Reporters : Les autorités judiciaires ont décidé de lever le contrôle judiciaire auquel vous étiez soumis depuis plusieurs mois. Quelle est votre réaction ?

Salah Dabouz : Le juge d’instruction de la première chambre près le Tribunal de Ghardaïa m’a informé, hier matin, en effet, qu’il a décidé de renvoyer le dossier devant le Tribunal délictuel et, donc considérer l’instruction bouclée et lever le contrôle judiciaire qui m’était imposé trois fois par semaine et deux fois par semaine à 
Hadj Brahim Aouf.

Ma première réaction est que je trouve scandaleux d’abord que ce juge, que nous savions déjà sous l’influence d’un cadre du ministère de la Justice, avec comme preuve la déclaration du procureur général de Ghardaïa, le 8 avril 2019, décide soudainement de renvoyer le dossier devant le Tribunal délictuel sans nous entendre, alors même qu’il nous a soumis à un éprouvant contrôle judiciaire, justement pour être sûr soi-disant de nous entendre quand il le décidera. En vérité, il a essayé de m’entendre personnellement deux fois, le 31 mai et le 17 juillet passés. Mais la première phrase que j’ai prononcée ne lui a pas plu, il voulait que je la modifie. Ce qui est en soit contraire à une instruction à charge et à décharge. Il voulait que je l’aide pour une instruction seulement à charge, ce qui est une confirmation du déni de justice contre quoi je me bats essentiellement.

Peut-on parler d’un aboutissement de votre combat ?
Cette levée du contrôle judiciaire n’est pas un aboutissement de mon combat, mais une tentative du pouvoir de me faire taire.

Allez-vous arrêter votre grève de la faim ?
Bien évidemment que non. Je n’arrêterai pas ma grève de la faim. Quand je vous dis que certains bâtonniers étaient au courant que ce juge allait renvoyer l’affaire devant le tribunal délictuel, au moins 15 jours avant qu’il prenne sa décision… j’avais un très fort sentiment que cette décision avait été négociée quelque part. Comment peuvent-ils négocier une telle situation sans penser au non-lieu, par exemple ? En plus que ce juge de la première chambre soit sous l’influence d’un cadre du ministère de la Justice, il paraît que mon dossier a été soumis à des négociations dans mon dos à et à mon insu, et sans que je sois entendu. Vous appelez ça une justice indépendante ? Je continue donc ma grève de la faim, car c’est cette soi-disant justice qui a tué Fekhar. Mais beaucoup essaient d’oublier ce drame et de l’enterrer, pas moi.