Espaces de liberté et d’expression pour promouvoir les activités culturelles, les salles de cinéma ne suscitent plus l’attraction dont elles faisaient l’objet de la part des populations post-indépendance. En effet, jadis ces infrastructures abritaient les projections de films, des représentations théâtrales, des concerts de chants et des soirées musicales.
Au lendemain de l’indépendance, la seule ville de Mascara avait hérité des colons trois salles de cinéma opérationnelles, le Colisée, le Vox et l’Olympia. Eu égard aux circonstances qui prévalaient à cette époque caractérisée par l’absence du petit écran et de moyens de distraction, ces salles de cinéma étaient très fréquentées par une certaine catégorie de populations urbaines mais également rurales.
C’était pour ces gens-là une marque de distinction. La plus populaire de ces salles de cinéma était incontestablement l’Olympia qui comptait des clients issus des couches sociales les plus modestes et négligées par les spectateurs de la haute classe qui fuyaient les indigènes, et même les affiches proposées qui étaient alléchantes. Néanmoins, vers les années 1964-1965, cette salle de cinéma qui était implantée au quartier Largoub a été démolie car menaçant ruine, selon les services techniques de l’époque.
Elle faisait partie d’un lot de constructions dont une brasserie et une station-services, qui constituaient un danger pour leurs occupants et ceux qui les fréquentaient. En remplacement de ces vieilles bâtisses une route menant vers le quartier a été réalisée. Certes, les deux autres salles de cinéma ont continué à fonctionner mais à un rythme irrégulier pour cesser complètement l’activité, une option favorisée par l’intronisation progressive de l’appareil et de l’outil informatiques tels que les magnétoscopes, les postes téléviseurs et surtout la parabole.
Dès lors, ces salles au même titre que le théâtre municipal sont tombées dans l’oubli, ne trouvant aucun preneur. Faute de fonctionnement et d’entretien, elles ont commencé à ressentir les effets de l’abandon n’échappant pas à la dégradation. En dépit des investissements consentis par la commune, propriétaire des lieux pour la réalisation des travaux de confortement, ces salles n’ont pas retrouvé leur vocation initiale.
Rebaptisées “Saâda” pour le Vox et “Feth” pour le Colisée, et en l’absence de projections de films, ces salles sont beaucoup plus utilisées pour abriter les meetings populaires organisés par les formations politiques et les réunions provoquées par les associations caritatives. Une note positive est enregistrée pour la salle Feth avec le bénéfice des travaux de rénovation engagés par la commune pour la réhabilitation de la vocation mais le doute persiste quant à l’obtention des résultats escomptés.
A. B.