Éditeurs, associations et militants étaient présents lors de ces deux journées du Salon anticolonial qui s’est tenu à la Bellevilloise de Paris, à l’initiative de l’association “Sortir du colonialisme”. Cet événement est organisé dans le cadre de la semaine anticoloniale et antiraciste qui se déroule du 4 au 20 mars dans plusieurs espaces à Paris. En marge de ce Salon, un riche programme de conférences, d’entretiens et de débats a été concocté pour le grand plaisir des nombreux visiteurs et militants venus soutenir cette manifestation.
Des thèmes d’actualité ont été abordés, et des rappels historiques ont été cités, non sans raison, mais pour dire quelque part que l’histoire se répète et que la colonisation certes peut sembler avoir disparu sous sa forme initiale, mais peut réapparaître sous des variantes multiples, et que le colonialisme laisse derrière lui ces séquelles de racisme qui perdurent. Pour l’actualité, il a été question de ces “Roms, mineurs isolés et jeunes majeurs étrangers qui sont interdits d’école” ; de “Comment combattre concrètement les offensives et les idées d’extrême droite” ; de “Liberté de circulation et d’installation” ; ou encore de “Violences policières et racisme d’État : contre la hogra étatique et institutionnelle”.
Et pour le rappel de l’histoire, entre autres sujets abordés tels que la guerre au Cameroun, l’occupation de la Palestine par Israël ou le racisme anti-noir au Maghreb, la guerre d’Algérie a toujours été au cœur des débats, notamment lors de la rencontre intitulée “Mémoire éclatée – De la décolonisation au déclin de l’Occident”, une sorte d’hommage à l’auteur Nils Andersen, autour de son ouvrage-mémoires qui constitue un “témoignage exceptionnel sur plus de 60 ans du parcours d’un homme depuis les années 50 à nos jours”.
Et pour en parler, Nils Anderson a invité Samir Amin, philosophe, économiste franco-égyptien et président du forum mondial des alternatives, à ses côtés également Vanessa Codaccioni, historienne et politiste qui a publié un ouvrage sur les procès politiques pendant la guerre froide et la guerre d’Algérie, puis plus récemment un autre sur la justice d’exception et l’antiterrorisme. Le riche parcours de Nils Anderson a été évoqué : la fondation de la Diffusion et des Éditions de la Cité, l’édition de tous les ouvrages engagés et interdits en France tels La Question d’Henri Alleg ou Le petit livre rouge de Mao et d’autres ouvrages maoïstes ; son expulsion de Suisse par le Conseil fédéral en 1966, son travail à la radio Tirana, la diffusion des éditeurs français en Suède, son installation définitive à Paris et son engagement comme membre actif au comité scientifique d’Attac en s’impliquant dans toutes les questions liées aux droits humains. Sortir du colonialisme et le Salon anticolonial continuent depuis des années et malgré les difficultés rencontrées à braver le danger pour dénoncer toutes sortes de colonialismes et abolir toute action raciste dans un monde de plus en plus violent et imprévisible.