Salubrité et hygiène dans la cité: L’imam joue-t-il son rôle?

Salubrité et hygiène dans la cité: L’imam joue-t-il son rôle?

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Par-delà son poste, l’imam incarne un modèle à suivre. Sa passivité est condamnable. Elle influence négativement les fidèles.

La prolifération de la saleté dans les villes et villages a vu refaire surface le débat sur le rôle de l’imam dans la société. Les prêches et le discours de ce dernier sont inaudibles. Les fidèles censés être des fervents de l’hygiène brillent par leur passivité. Ils sont tout comme les imams, les derniers à se manifester lors des campagnes de nettoiement. La dernière campagne nationale de nettoiement des quartiers s’est déroulée en leur absence. Sommes-nous là dans la logique de «Faites ce que je vous dis et ne faites pas ce que je fais?». Tout porte à le croire et les imams ne le cachent pas. «Le rôle de l’imam s’arrête à la sensibilisation et aux recommandations, voire des conseils», affirme Djelloul Hadjimi secrétaire général du syndicat des imams. «L’initiation des campagnes de nettoiement et la descente sur le terrain n’est pas la mission de l’imam. Il y a beaucoup d’autorités qui sont censées s’occuper de cela. L’imam n’a ni les moyens ni le pouvoir pour faire respecter les lois», a fait observer Hadjimi dans un entretien qu’il a accordé à L’Expression (lire ci-dessous).

Pour le secrétaire général du syndicat des imams, les mauvaises langues doivent savoir que l’imam travaille plus que ce qu’il gagne. «L’imam est sous-payé», dira-t-il. A-t-il raison ou tort? Ce qui est par contre évident et ne doit pas être toléré, c’est que l’imam par-delà son poste, incarne un modèle à suivre. A ce titre, il doit donner l’exemple quant à ce qu’il prétend. Faute de quoi, c’est l’inverse qui se produira. A ce propos, il y a lieu de dire que le problème de la saleté se pose aussi dans certaines mosquées. A cause de la passivité de l’imam qui ne montre pas l’exemple et n’incite pas à la propreté, les fidèles semblent aveugles. Cela fait que certaines salles de prière sentent mauvais. Par ailleurs, certains imams pour fuir leur responsabilité, se cachent derrière le fait que les responsables et les autorités locales de manière globale ignorent sciemment l’imam et ne veulent plus de sa vision des choses. Dans ce sillage, il faut dire que certains P/ APC font dans l’excès de zèle. Le personnage de l’imam pour ces derniers n’a rien à voir avec la gestion moderne de la cité. «Les versets coraniques et les récits du prophète (Qsssl) ne sont plus en phase avec les règles de la gestion moderne de la cité.» Chose qui n’est pas tout à fait juste, car l’islam est par définition une religion qui rime d’abord avec la bonne gestion et le travail sur le terrain. Le rôle de l’imam a déjà été déterminant par le passé dans la gestion des villes et villages en Algérie. La persuasion des opposants aux projets d’utilité publique traversant leurs parcelles de terrain a toujours été confiée à l’imam avant la justice.

Le succès des campagnes de volontariat dépendait aussi de l’implication de l’imam. Idem pour celles visant la lutte contre les fléaux sociaux. L’imam a quelque chose de surhumain quand il se met à prêcher la bonne parole qui fait que son discours est davantage entendu. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a pris conscience de cela. «La formation de l’imam doit être globale. Les questions économiques et le traitement des fléaux sociaux doivent être à la portée de l’imam», ne cesse-t-il de répéter.