Sans vision, sans repères et minés par des clivages internes: Les islamistes en panne sèche!

Sans vision, sans repères et minés par des clivages internes: Les islamistes en panne sèche!

Les modèles qu’exhibaient Makri et consorts se sont transformés, l’un en un laïc convaincu et l’autre en monstre inhumain capable du pire.

Les trois grandes familles politiques de la scène nationale se préparent à une échéance électorale déterminante pour chacune d’elles. Les observateurs ne s’attendent pas à une disparition pure et simple d’une des familles, mais il est évident qu’une redistribution des cartes sera opérée à l’occasion des prochaines élections législatives. Les nationalistes, les démocrates et les islamistes verront si leurs idées pèsent effectivement sur le terrain. Si pour les nationalistes et les démocrates, ces derniers seront jugés sur leur discours et leurs propositions programmatiques, les islamistes par contre, doivent répondre à un certain nombre de questions qui s’imposeront forcément au débat, en raison de l’enlisement des tenants de cette idéologie dans des conflits et des modèles, essayés à l’étranger et qui ont lamentablement échoué.

Très au fait de l’actualité nationale, régionale et internationale, le citoyen-électeur algérien n’est plus dupe et demandera des explications au sujet du soutien «aveugle» apporté par l’ensemble des leaders islamistes au parti tunisien Ennahda, dont le passage à la tête de la Tunisie a été catastrophique. Prônant un islam politique, cette formation politique n’a pas empêché l’émergence du terrorisme ni stoppé l’avancée du salafisme dans le pays. Et aux dernières nouvelles, le parti de Rached Ghannouchi a reconnu les dérives de l’islamisme «modéré» et opté pour une démarche plus rationnelle dans l’approche, aux antipodes des principes intégristes que défendent les islamistes algériens. La désastreuse expérience tunisienne avec son lot de violence politico-religieuse et sa déprime économique a montré les limites d’un modèle que Makri et consorts ont voulu vendre aux Algériens, un peu trop vite. On se souvient d’ailleurs, en 2012, comment le MSP communiquait largement sur les visites «d’amitié» que lui réservait le chef historique des islamistes tunisiens. Rached Ghannouchi était brandi par Makri et ses camarades comme un trophée, la preuve que l’islamisme est compatible avec la démocratie et même apte à gouverner un pays, dont l’économie repose essentiellement sur le tourisme. Mais les militants tunisiens de Ghannouchi ne l’entendaient pas de la même oreille.

Dérive après dérive, le pays en est arrivé au bord de l’effondrement. La suite tout le monde la connaît, à savoir qu’Ennahda a perdu la majorité au Parlement et la direction de l’Exécutif. L’échec du modèle tunisien a été encaissé par les islamistes algériens qui l’ont remplacé par le «miracle turc». Pour Makri qui aimait beaucoup se prendre en photos aux côtés de son nouveau mentor, Recep Tayyip Erdogan, la Turquie est parfaite pour faire la promotion de l’idéologie islamiste en Algérie. Un pays tout aussi touristique et doté d’une assise industrielle très performante. La Turquie d’Erdogan est devenue d’autant plus séduisante lors de l’épisode du bateau d’aide humanitaire pour Ghaza attaqué par Israël qui a valu à l’Etat sioniste les foudres du «grand» Erdogan. Ce dernier récidive à l’occasion d’un forum économique à Davos où il fait mine d’humilier le Premier ministre israélien. Le charme ne peut que prendre et le MSP plonge la tête la première, dans une campagne de promotion tous azimuts, louant les qualités de bâtisseur d’un islamiste qui a «osé dire ses quatre vérités à Israël».

Tous les éléments d’un scénario de rêve sont réunis. Seulement, le «beau» feuilleton turc de Makri, Djaballah et leurs compères vire au cauchemar après qu’Erdogan annonce la normalisation avec Israël. Cet épisode est suivi par un autre tout aussi désastreux pour l’image de la Turquie auprès des électeurs algériens. Le coup d’Etat en Turquie et les grandes purges engagées par Erdogan transforment le modèle qu’exhibait Makri et consorts en monstre inhumain capable du pire. Une autre «illusion» qui s’effondre et une difficulté supplémentaire pour les islamistes qui perdent avec l’éclatement du modèle turc leur principale arme électorale. Ils n’ont plus aucun modèle à présenter aux électeurs. Démasqués, les partis de cette mouvance n’ont désormais plus rien à vendre aux Algériens. L’argument idéologique sur lequel repose toute leur stratégie se révèle être catastrophique dans les pays où l’islamisme est arrivé au pouvoir. De fait, le conglomérat de partis qui composent cette famille politique se cherche une échappatoire pour continuer à exister dans les institutions de la République. La seule option est la présentation de listes communes aux législatives. Mais il serait hasardeux de miser sur pareille démarche, tellement les luttes de leadership minent cette mouvance de la scène nationale. En fait, la prochaine échéance électorale ne sera certainement pas synonyme de la disparition pure et simple de la mouvance islamiste, mais celle-ci jouera désormais un rôle marginal.