Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, est arrivé aujourd’hui (dimanche 6 avril 2025) en Algérie pour rencontrer son homologue Ahmed Attaf. L’objectif de cette visite est de consolider la reprise du dialogue sur les questions sensibles qui entravent les relations algéro-française, notamment celle de l’immigration.
Cette semaine, devant les parlementaires, Jean-Noël Barrot a souligné que la France doit « exploiter » la fenêtre diplomatique ouverte par les deux présidents, Abdelmadjid Tebboune
et Emmanuel Macron, pour obtenir des résultats concrets sur les questions liées à l’immigration, la justice, la de sécurité et l’économie.
Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont, en effet, convenu, suite à un entretien téléphonique le 31 mars, de relancer les relations bilatérales entre les deux pays. Ils ont chargé leurs ministres des Affaires étrangères de donner une nouvelle impulsion « rapide » aux relations. Cette initiative met ainsi fin à huit mois d’une crise diplomatique sans précédent qui a failli conduire l’Algérie et la France à la rupture diplomatique.
La question des OQTF et des laissez-passer consulaires
La question migratoire, celle des OQTF ainsi que l’arrestation puis la condamnation à cinq ans de prison ferme de l’écrivain Boualem Sansal (le 27 mars dernier), ont contribué à accroître les tensions. Dans ce contexte, la visite de Barrot vise à « définir un programme d’action bilatéral ambitieux et ses mécanismes opérationnels », avec des objectifs communs et un calendrier de mise en œuvre, comme l’a expliqué Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
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En préparation de cette visite, Macron a réuni plusieurs ministres concernés par le dossier algérien. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, connu pour ses positions polémiques, a exprimé son « espoir » que l’Algérie applique « strictement » l’accord bilatéral sur l’immigration de 1994, qui stipule que l’Algérie doit accepter sur son territoire les ressortissants algériens que Paris souhaite expulser.
Les autorités locales françaises ont repris contact avec les consulats algériens pour faciliter le traitement des listes d’Algériens que la France souhaite renvoyer. Paris attend des autorités algériennes qu’elles augmentent le taux de délivrance des laissez-passer consulaires, actuellement à 40 %, dans des délais raisonnables.
وزارة الخارجية – الجزائر – فرنسا | عطاف يجري محادثات موسعة مع نظيره الفرنسي pic.twitter.com/a3uJbFtzei
— Télévision Algérienne-التلفزيون العمومي الجزائري (@entv_dz) April 6, 2025
Autres dossiers chauds, les visas et l’affaire Sansal
En plus de la question migratoire, Barrot et Attaf devraient discuter de l’exemption mutuelle de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques.
Les tensions entre l’Algérie et la France ont eu un impact négatif sur certains hauts responsables algériens, à qui Paris a imposé des restrictions d’entrée sur son territoire. La France considère que ces restrictions constituent une réponse au refus de l’Algérie de réadmettre ses ressortissants sous OQTF.
Sur un autre volet, le MAE français devrait aborder avec son homologue algérien le cas de l’écrivain Boualem Sansal. Le président Emmanuel Macron avait exprimé en mars dernier son espoir que l’écrivain franco-algérien « retrouve sa liberté » et « reçoive des soins ».
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La justice algérienne a condamné Sansal à cinq ans de prison, notamment pour « atteinte à l’unité nationale« . Barrot a souligné cette semaine que Paris n’oubliera pas Sansal, « emprisonné sans justification en Algérie depuis des mois ». Cette semaine, le parquet a fait appel du jugement contre Sansal, selon le bâtonnier algérien.
Le ministre français des affaires étrangères Jean-Noël Barrot a atterri ce matin à Alger. Un premier pas dans le réchauffement des relations entre l’Algérie et la France.
Retour sur ces 8 mois de tensions diplomatiques. pic.twitter.com/QCdY7E807V— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) April 6, 2025
Le 27 mars dernier, le tribunal correctionnel de Dar El Beïda (Alger) a condamné Boualem Sansal, détenu depuis novembre, à cinq ans de prison ferme et une amende de 500 000 dinars (environ 3 500 euros). Le parquet avait requis dix ans de prison et une amende d’un million de dinars lors du procès.
Enfin, Barrot est accompagné à Alger par plusieurs diplomates, dont Romaric Roanian, le nouveau directeur du département Moyen-Orient et Afrique du Nord au ministère français des Affaires étrangères. Le ministre français de la Justice, Gérard Darmanin, devrait, à son tour, effectuer une visite « prochaine » en Algérie pour discuter de la coopération judiciaire.