«La santé n’a pas de prix, mais un coût». Telle est la devise des 7es rencontres internationales de pharmacie d’Alger qui se sont déroulées, hier à l’hôtel El Aurassi à Alger. Un rendez-vous d’affaires et de contrats commerciaux et une opportunité pour ceux qui l’ont organisé d’apporter leur soutien au projet de loi sur la santé bientôt en débat au Parlement.
Il y avait des représentants de France et du Canada ainsi que des professionnels du Burkina Faso, du Cameroun, de la RDC, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Sénégal, du Tchad et du Togo, pour la partie africaine, présente en force à Alger.
Il y avait également des opérateurs de Tunisie, du Maroc et de la Mauritanie, ainsi que du Liban. A l’inauguration solennelle de la rencontre, le docteur Hafed Hamou, directeur général de la pharmacie au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a d’emblée défendu le projet de loi sur la santé.
Un texte « favorablement apprécié » par les professionnels présents à El Aurassi, en ce qu’il propose, selon le docteur Hamou, comme «réactualisation de l’arsenal juridique qui régit le secteur de la santé» et «de modification d’une loi qui ne l’a pas été depuis 1987».
Le texte de loi, selon ce responsable, garantit «le renforcement de l’approvisionnement en produits pharmaceutiques», «le développement de la pharmacie hospitalière», «l’accessibilité et l’usage approprié du médicament» et, enfin «le renforcement qualitatif et quantitatif des ressources humaines» du secteur de la santé.
Sur le chapitre diversement commenté de la disponibilité du médicament, les organisateurs de l’évènement ont invité le français Pierre Godon, de l’Ordre national des pharmaciens de France, qui est intervenu avec une communication centrée sur les ruptures médicaments récurrentes – avec des fréquences hebdomadaires et même quotidiennes – même en France et par ricochet en OCDE.
Une manière de suggérer que le circuit du médicament, en Algérie, n’est pas le seul à subir des dysfonctionnements de temps à autre avec la garantie d’une couverture en médicament parmi les plus importantes dans le monde en termes de qualité et de coût. Aussi, un chiffre a été porté à la connaissance des participants à la rencontre.
En Algérie, le coût des soins s’élève à quelque 400 dollars par habitant et par an, donc 6 à 10 fois plus cher par rapport aux pays de l’OCDE. Sur un registre global, le citoyen algérien peut se prévaloir du système national de santé tel qu’il a été maintenu depuis l’Indépendance. En effet, les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), arrêté en 1997, indiquent qu’un tiers de la population mondiale n’a pas accès aux médicaments en raison de leur coût.
Sur ce chapitre, il reste à ce que la communauté internationale dissocie le coût de la recherche menée pour mettre au point un médicament dont le prix est à fixer pour la commercialisation de ce médicament. C’est peut-être pour le moment un vœu, mais pour le cas Algérie, la coopération internationale est vivement encouragée.
Seuls 240 médicaments produits localement éligibles à l’exportation
En effet, il faut se satisfaire pour le moment présent d’un nombre infime de médicaments produits localement et qui sont éligibles à l’exportation, 240 médicaments au total. Il s’agit aussi de se satisfaire pour l’Algérie de devenir un hub envers l’Afrique en matière de médicaments pour les grands laboratoires étrangers.
C’est ce qui ressort des propos tenus par le Dr. Lotfi Benbahmed, président du Conseil national de l’ordre des pharmaciens d’Algérie (CNOP). Ce dernier a âprement défendu le projet de loi sur la santé, mais aussi « le potentiel exportation en direction du marché africain, en lieu et place d’une région Mena, dont l’Algérie ne fait pas réellement partie ». «L’Algérie devrait s’orienter sur l’Afrique », a insisté Dr Benbahmed. Selon des statistiques remontant à 2012, il existe sur le marché local quelque 665 distributeurs répertoriés, dont 150 seulement opérationnels.
Le total des pharmaciens d’officine s’élève, lui, à quelque 9 600 répartis à travers le pays. En ce qui le concerne, le secteur de production recense quelque 135 unités de production de médicaments dont 73 localisées au centre du pays, 39 unités à l’Est et 23 unités à l’Ouest. Dans ce contexte, Dr Nadji Hadjadj, membre du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens d’Algérie, a estimé que l’Algérie est « bien placée pour devenir le premier producteur pharmaceutique au Maghreb, aussi bien en volume qu’en valeur », rappelant que les investissements dans l’industrie pharmaceutique sont de l’ordre de 1.12 milliard de dollars et que plus de 400 millions d’unités sont produites localement.
Pour sa part, le président de la Commission santé au Forum des chefs d’entreprise (FCE), Arabet, a plaidé pour une production pharmaceutique nationale. Il a considéré que l’objectif d’une production nationale pharmaceutique à hauteur de 70 % est « possible », relevant l’existence d’un « engouement » pour investir dans ce secteur, mais, a-t-il relevé, l’une des contraintes principales pour y parvenir, est celle de la disponibilité du personnel technique spécialisé, ainsi que l’incapacité du marché national à absorber le volume de la production locale en produits pharmaceutiques, d’où la nécessité, a-t-il recommandé, de se tourner vers l’exportation.
Il a plaidé, à ce titre, pour un système qui ajuste de « manière raisonnable » les coûts. Les 7es Rencontres internationales de pharmacie d’Alger se sont déroulées, cette année, sous le thème de «Politique du médicament » et «Coopération internationale». La journée a été consacrée à des tables rondes et aux stands d’une exposition composés de divers laboratoires de renommée internationale et de laboratoires privés algériens et d’opérateurs. Un stand parmi d’autres a été investi par le prestataire d’un logiciel dédié aux pharmacies et qui prend en charge la carte Chifa.