L’Allemand Bastian Schweinsteigeravait allumé la mèche avec ses dé- clarations avant le quart de fina-le du Mondial-2010: il a fini le travail sur le terrain en faisant exploser l’Argentine samedi et espère conclure sa détonante saison avec le titre suprême.
A en croire certains, dont Franz Beckenbauer, Schweinsteiger aurait mieux fait de se taire plutôt que de provoquer les orgueilleux Argentins en critiquant leur état d’esprit volontiers truqueur.
Pour Diego Maradona et ses joueurs, ces déclarations, allusions au quart de finale houleux du Mondial-2006 entres les deux équipes, étaient un signe de nervosité.
Mais jamais Schweinsteiger n’a semblé nerveux durant les 90 minutes de la leçon qu’il a administrée à Messi et Maradona.
Il n’en a pas eu le temps: dès la 3e minute, il a offert sur coup franc l’ouverture du score à Thomas Müller, avant de récidiver en passant toute la défense argentine en revue pour le but du 3-0 inscrit par Arne Friedrich.
Entre-temps, le milieu de terrain du Bayern Munich a fait la loi dans l’entre jeu , donné le tempo des contreattaques allemandes et serré les boulons quand les Argentins ont tenté de se rebiffer en début de seconde période.
«Il a été magistral par son volume de jeu et ses efforts. Il a dirigé l’équipe et l’a organisée de main de maître. Bastian a été tout simplement extraordinaire», a reconnu Joachim Löw.
Logiquement élu homme du match, «Schweini», surnom qu’il traîne depuis le Mondial-2006 et qu’il ne supporte plus, a sans doute livré son meilleur match sous le maillot de l’équipe d’Allemagne pour sa 79e sélection à 25 ans.
Admise pour la troisième fois consécutive dans le dernier carré d’un Mondial, l’Allemagne doit donc une fière chandelle à Louis van Gaal et à… Kevin-Prince Boateng.
Le premier, entraîneur du Bayern Munich, a repositionné Schweinsteiger dans l’axe et lui a mis du plomb dans la cervelle alors qu’il se reposait sur ses lauriers depuis le Mondial-2006. Le second a privé Michael Ballack du Mondial-2010 et a indirectement libéré Schweinsteiger qui, de peur de marcher sur les pieds de son illustre aîné, se bridait en sélection.
Ce pur produit du centre de formation du Bayern, qui a hésité entre le football et le ski alpin, a rejoint le rassemblement de la Nationalmannschaft fin mai habité d’une nouvelle confiance. Il venait pourtant de perdre la finale de la Ligue des champions contre l’Inter Milan, quelques jours après voir réussi le cinquième doubléCoupe/championnat d’Allemagne de sa carrière.
«Si je ne disais pas maintenant que je veux aller en finale, cela sonnerait faux. On a déjà battu deux grosses équipes: au tour maintenant de l’Espagne, la meilleure équipe du monde», a-t-il lancé.
Comme Friedrich, Lahm, Mertesacker, Klose et Podolski, les cinq autres «survivants» de la finale de l’Euro-2008, Schweinsteiger a encore cette défaite au travers de la gorge. Attention dans les jours à venir aux explosions verbales du dynamiteur Schweinsteiger.